Quelle histoire pour la littérature occitane du Moyen- Age ? *

L'histoire de la littérature demeure, en France, indissociable de l'enseignement et de l'institution littéraire. A ce titre, elle porte témoignage de la considération accordée par une époque à ces renouveaux perpétuels dont l'institution fait son miel. En donne une illustration le bel ouvrage — Littératures de l'Europe médiévale (1) — que nous ont procuré, il y a peu, M. Gally et Ch. Marchello-Nizia, signe du retour du Moyen-Age sur la scène culturelle et scolaire. La multiplication des histoires littéraires tendrait à en faire un genre, mais un genre incertain et contradictoire, lieu d'une écriture de la lecture. L'histoire de la littérature conjoint une lecture individuelle ou collective des textes à cette lecture de lectures qu'est la critique participant elle aussi de l'histoire des textes. Les histoires de la littérature révèlent toujours, plus ou moins, un individu et une époque ; cette particularité les rend vite obsolètes.

Il n'est pas d'histoire de la littérature sans préface, sans une déclaration d'intentions soulignant l'originalité du projet et éclairant l'incertitude du genre. L'institution littéraire et la loi du marché éditorial condamnent quiconque écrit une histoire de la littérature à innover. L'innovation réside moins dans la richesse de la lecture que dans la modification du point de vue, dans l'enchaînement des textes et de leurs