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Le droit à la ville

[article]

Année 1967 6 pp. 29-35
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le droit à la ville*

HENRI LEFEBVRE

La réflexion théorique se voit astreinte à redéfinir les formes, fonctions, structures de la ville (économiques, politiques, culturelles, etc.) ainsi que les besoins sociaux inhérents à la société urbaine. Seuls jusqu'ici les besoins individuels, avec leurs motivations marquées par la société dite de consommation (la société bureaucratique de consommation dirigée) ont été prospectés et d'ailleurs plutôt manipulés qu'effectivement connus et reconnus. Les besoins sociaux ont un fondement anthropologique; opposés et complémentaires, ils comprennent le besoin de sécurité et celui d'ouverture, le besoin de certitude et et le besoin d'aventure, celui d'organisation du travail et celui de jeu, les besoins de prévisibilité et d'imprévu, d'unité et de différence, d'isolement et de rencontre, d'échanges et d'investissements, d'indépendance (voire de solitude) et de communication, d'immédiateté et de perspective à long terme. L'être humain a aussi le besoin d'accumuler des énergies et celui de les dépenser, et même de les gaspiller dans le jeu. Il a besoin de voir, d'entendre, de toucher, de goûter, et le besoin de réunir ces perceptions en un « monde >. A ces besoins anthropologiques élaborés socialement (c'est-à-dire tantôt séparés, tantôt réunis, ici comprimés et là hypertrophiés) s'ajoutent des besoins spécifiques, que ne satisfont pas les équipements commerciaux et

rels plus ou moins parcimonieusement pris en considération par les urbanistes. Il s'agit du besoin d'activité créatrice, d'oeuvre (pas seulement de produits et de biens matériels consommables), des besoins d'information, de symbolisme, d'imaginaire, d'activités ludiques. A travers ces besoins spécifiés vit et survit un désir fondamental, dont le jeu, la sexualité, les actes corporels comme le sport, l'activité créatrice, l'art et la connaissance sont des manifestations particulières et des moments, surmontant plus ou moins la division parcellaire des travaux. Enfin, le besoin de la ville et de la vie urbaine ne s'exprime librement que dans les perspectives qui tentent ici de se dégager et d'ouvrir l'horizon. Les besoins urbains spécifiques ne seraient-ils pas besoins de lieux qualifiés, lieux de simultanéité et de rencontres, lieux où l'échange ne passerait pas par la valeur d'échange, le commerce et le profit? Ne serait-ce pas aussi le besoin d'un temps de ces rencontres, de ces échanges?

Une science analytique de la ville, nécessaire, n'est aujourd'hui qu'à l'état d'esquisse. Concepts et théories, au début de leur élaboration, ne peuvent avancer qu'avec la réalité urbaine en formation, avec la praxis (pratique sociale) de la société urbaine. Actuellement, le dépassement des idéologies et des prati-

* Ce texte constitue un chapitre d'un ouvrage Intitulé Le Droit à la Ville et qui paraîtra prochainement aux Éditions Anthropos.

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