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La ville en quartiers : découpages de la ville en histoire urbaine
Pierre- Yves Saunier
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1. «La vie de quartier», Bulletin du centre d'histoire économique et sociale de la région lyonnaise, 1977, n° 3. 2. Maurice Garden, «Le quartier nouvel objet de l'histoire ?», Économie et humanisme, n° 261, sept-oct. 1981, p. 59. Pour une plus longue discussion sur les avatars de la problématique du «quartier», voir les actes à paraître du colloque «Le quartier urbain en Europe xvf-XKe siècles, réalités et représentations», École Française de Rome, 27-28 sept. 1991. 3. Voir par exemple les démarches adoptées par Vincent Feroldi, Le quartier Saint-Louis de la Guillotière, 1851- 1876, thèse de doctorat de 3e cycle d'histoire, Université Lyon II, 1981 ; Olivier Zeller, Familles, habitats, métiers : les recensements lyonnais de 1597 et 1636. Lyon et ses quartiers, thèse de doctorat de 3e cycle d'histoire, Université Lumière Lyon II, 1981 ; Florence Bourillon, Étude de la sociabilité dans un milieu pré etpost- haussmanien : le quartier des Arts-et-Métiers à Paris entre 1850 et 1880, thèse de doctorat de 3e cycle d'histoire, Paris X, 1986 ; Jean-Paul Burdy, Le Soleil Noir, thèse de doctorat de 3e cycle d'histoire, Lyon, Université Lyon II, 1986 ; Patrick Gervaise, Les « Passages» à Levallois-Perret, quartier populaire, quartier delà «Zone» (1826-1972), thèse de doctorat d'histoire de l'Université Paris VII, 1987.
Il y a une quinzaine d'années, Maurice Garden traçait les grandes lignes d'un projet de recherche historique sur le quartier1. Les développements ultérieurs ne semblent pas avoir été à la hauteur d'objectifs ambitieux qui faisaient de l'approche microurbaine dans le cadre du quartier «la seule manière d'essayer de percevoir la continuité de la ville comme forme de vie originale et permanente»2.
En effet, l'historien français semble aujourd'hui se poser sur le quartier les mêmes questions qu'il y a quinze ans. Les grandes synthèses d'histoire urbaine en ont d'ailleurs en leur temps témoigné. Les 71 entrées que présente le mot «quartier» dans l'index du tome 4 de Y Histoire de la France urbaine ne renvoient pas à des pages où le thème du quartier est problématisé, mais à des descriptions de certains «types». On y rencontre la Croix-Rousse de Lyon, Belleville, le quartier breton du XIIIe arrondissement de Paris, le quartier Saint-Sauveur de Lille, aussi bien que les «quartiers» des opérations immobilières ou ceux des grandes divisions sociales des villes («quartiers» populaires, «quartiers» bourgeois). L'impression qui se dégage de la lecture de ces pages est que le quartier y est un mot, et non un concept. Seuls des images, des noms, des lieux définissent le quartier dans cet ouvrage de référence. Ce n'est pas rien, mais ce n'est pas assez pour savoir si le quartier est «bon à penser» pour l'historien, sous cette forme qui tient plus aux héritages de l'histoire ouvrière et sociale qu'à une véritable réflexion sur les phénomènes urbains.
L'impasse méthodologique dans laquelle me semble être tombé le thème du quartier n'est nulle part plus manifeste que dans son approche proprement spatiale. Les hésitations des thèses d'histoire urbaine lorsqu'il s'agit de délimiter le «quartier» qu'elles étudient en attestent3. Peut-être doit-on invoquer plus généralement une certaine indifférence de
Genèses 15, mars 1994, p. 103-114
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