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Commentaire. Discrimination salariale à l'encontre des homosexuels : de quoi et de qui parle-t-on ?

[article]

Année 2013 464-466 pp. 135-139
Fait partie d'un numéro thématique : Inégalités et discriminations : questions de mesure
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ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 393-394, 2006 135 COMMENTAIRE

DISCRIMINATION SALARIALE À L’ENCONTRE DES HOMOSEXUELS : DE QUOI ET DE QUI PARLE‑T‑ON ?

Laurent Toulemon *

La construction du groupe des gays et lesbiennes

* Ined. Ce commentaire se fonde en grande partie sur la discussion d’une version précédente de l’étude commentée au séminaire Politiques antidiscriminatoires du Ceri (Centre d’études et de recherches internationales de Sciences‑Po). Je remercie la rédaction d’Économie et Statistique de m’avoir donné accès aux commentaires des relecteurs anonymes.

Pour la première fois à partir de données françaises, Thierry Laurent et Ferhat Mihoubi tentent de mesurer les discriminations salariales selon l’ «orientation sexuelle » des salariés. Les auteurs mettent en évidence un écart de salaire pour les hommes vivant en couple de même sexe : par rapport aux hommes en couple non marié, leur salaire est inférieur de 6 %, «toutes choses égales par ailleurs » , et

de 8 à 10 % par rapport aux hommes mariés.

Pour les femmes, on observe un écart faible, mais plutôt positif : leur salaire est légèrement supérieur à celui des femmes en couple

non marié (de 0 à 2 %) et, contrairement aux

hommes, le mariage est associé à des salaires plus bas ; les femmes en couple de même sexe

gagnent entre 0,5 % et 4 % de plus que les

femmes mariées (résultats synthétisés dans le tableau 6 de l’article). Comme dans toutes les études de ce type, l’écart résiduel de salaire observé entre les personnes vivant en couple de même sexe ou en couple de sexes différents, une fois pris en compte les facteurs explicatifs du salaire, est interprété comme résultant, au moins partiellement, d’une discrimination : c’est la suspicion de discrimination, à défaut d’une autre explication plausible. Ainsi mesurée, elle est probablement

plus élevée pour ceux qui sont identifiés par les

employeurs, et on ne sait pas si les employeurs connaissent l’ «orientation sexuelle » de tous leurs employés ; elle serait plus faible si l’on incluait des variables de contrôle additionnelles sur les choix de secteurs professionnels, mais ceux‑ci peuvent être considérés comme endogènes à la discrimination. On peut aussi envisager d’autres facteurs non observés. Les écarts de salaire peuvent résulter de choix de vie et de carrière corrélés à l’orientation sexuelle sans découler d’une discrimination de la part des employeurs. Un autre facteur non observé est l’état de santé : comme l’écrivent les auteurs, l’absentéisme est plus important parmi les salariés

séropositifs au VIH ou malades du sida.

On peut faire l’hypothèse que les employeurs anticipent une productivité plus faible des

salariés identifiés comme homosexuels, ce qui expliquerait la discrimination salariale envers les «gays » ; à l’inverse, leur salaire plus faible en moyenne pourrait s’expliquer par l’absentéisme de certains d’entre eux (qui auraient seuls des salaires plus faibles) et non par leur orientation sexuelle. En l’absence d’information sur l’absentéisme, on peut supposer que

le groupe identifié ici (des homosexuels vivant

en couple) subit pour cette raison une discrimination statistique. En intégrant un nombre

suffisant de variables explicatives, on ne peut

jamais être sûr d’avoir pris en compte tous les facteurs possibles de variation, mais on peut raisonnablement interpréter la différence de salaire observée entre les personnes vivant en couple de même sexe ou de sexes différents comme une bonne approximation de la différence «toutes choses égales par ailleurs » , que l’on nomme discrimination. C’est ce que font

les auteurs, charge à d’autres de vérifier si certains

facteurs ont été oubliés. La construction des groupes des «gays » et «lesbiennes » , également discutée en détail, soulève plusieurs questions de méthode, qui restent ouvertes et seront discutées ici.

Comment définir ces groupes pour en mesurer ensuite le niveau de salaire ? Comment définir

et repérer les «couples » de même sexe ? Comment améliorer le système de collecte de la statistique publique pour mieux repérer les groupes victimes de discrimination ?

Les auteurs identifient les gays et les lesbiennes

de manière indirecte, comme des paires d’adultes de même sexe vivant dans un même logement, sans autre adulte, éventuellement avec un ou Rappel :

Les jugements et opinions exprimés par les auteurs n’engagent qu’eux mêmes, et non les institutions auxquelles ils appartiennent, ni

a fortiori l’Insee.

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