L'art talismanique en islam

d'Afrique occidentale.

Analyse anthropologique et islamologique

d'un corpus de talismans à écriture

La thèse est bâtie autour du dépouillement d'un corpus de textes talismaniques contemporains, au nombre de plusieurs centaines, recueillis à Dakar (Sénégal) et nourrie de réflexions plus théoriques sur la nature magique de la pratique talismanique islamique.

Le bilan des études passées consacrées au sujet de la magie talismanique en Afrique occidentale montre qu'il y a eu, à deux ou trois reprises (Marty, Laforgue, Anawati) des tentatives de présentation et d'analyse de ce type particulier de documents. Pourtant les résultats restent limités, tant dans l'analyse des textes et des procédés que dans la compréhension des mécanismes efficaces à l'œuvre.

L'intérêt du corpus de Dakar, par rapport aux spécimens précédents, vient de son importance quantitative qui, par le jeu des comparaisons rendues possibles, permet de mieux repérer les divers processus mis en œuvre.

Le contexte de la naissance d'un talisman se situe dans la consultation demandée par un « client », dans le but de résoudre un problème personnel, à un spécialiste de l'art talismanique, homme de religion, communément appelé marabout en Afrique occidentale. Sa vocation de spécialiste en écrits magiques provient de son statut héréditaire d'homme de religion, concerné par l'écrit et l'écriture, apanage de la classe sociale religieuse maraboutique.

L'aspect technique de l'écriture talismanique est analysé en détail, car ses différents ingrédients ont souvent eux-mêmes un rapport avec l'efficacité magique. L'astrologie conditionne également, du moins dans les pratiques anciennes, la réussite de l'action talismanique. À ce niveau technique, le fait remarquable vient du parallélisme complet qui existe entre les techniques d'écriture talismanique et coranique. Conservatismes,

Annuaire EPHE, Section sciences religieuses. 1. 106(1997-1998)