Comportement bancaire et risque de système

La déréglementation financière a eu d'importants effets sur les banques commerciales. La vive concurrence des non-banques, sur les deux cotés du bilan, a conduit les banques à sortir du domaine familier des prêts industriels et commerciaux et à poursuivre une stratégie agressive de conquête des parts de marché et de recherche de nouvelles sources de revenus, notamment dans l'internationalisation et le développement des activités hors bilan. L'inquiétude des autorités monétaires du G 10 devant la détérioration de la situation financière des banques, d'abord dans les pays anglo-saxons puis au Japon, a entraîné des débats importants sur la réforme du contrôle prudentiel dans les pays membres et a abouti à un début d'harmonisation internationale des règles prudentielles avec l'établissement du ratio de capitalisation.

Cependant les transformations des systèmes financiers appellent des ^

débats plus amples qui concernent à la fois la régulation macro-économique et la prévention du risque de système. Dans ces transformations le rôle des banques est crucial. On veut ici contribuer à ce débat en présentant quelques remarques sur les évolutions financières de la décennie 80 et sur leur héritage pour la consolidation financière recherchée par les autorités de plusieurs pays, mais aussi en utilisant quelques instruments d'analyse pour tenter de comprendre ce qu'il y a de singulier et d'insolite dans le comportement des banques qui ressort des évolutions constatées.

On évoquera d'abord les facteurs d'instabilité qui paraissent associés à l'influence réciproque du crédit bancaire et des marchés financiers dérèglements (I), puis on montrera comment ces facteurs d'instabilité peuvent se nouer dans des processus qui entraînent des équilibres macro-économiques anormaux (II). Pour expliquer la nature des facteurs d'instabilité qui tiennent à l'intermédiation financière on présentera l'hypothèse de myopie intrinsèque qui découle directement de l'information imparfaite caractéristique du crédit (III). En utilisant un modèle de comportement collectif, on montrera comment la rationalité individuelle des banques conduit à des effets de seuil dans l'offre de crédit globale, lesquels peuvent