LA VIE ET L'ŒUVRE DE M** GUILLAUME MOLLAT 249

Guillaume Mollat, dont vous aviez à trois reprises récompensé les travaux, était votre correspondant depuis 1938. En 1954, vous l'aviez appelé à vous comme membre libre non résidant. Non résidant, en effet, car depuis quelques années, lui qui avait à Nantes toutes ses attaches familiales, s'était retiré en Corse par préférence personnelle. Et c'est là, dans sa maison d'Erbalunga, village marin de la côte orientale au nord de l'île, que, le 4 mai 1968, il s'est éteint, devenu presque aveugle, dans sa quatre-vingt onzième année.

Avec lui a disparu un prêtre passionné d'érudition historique, un travailleur acharné qui, de complexion apparemment délicate, cachait sous l'enveloppe la plus fluette une énergie et une ténacité bien bretonnes. Il fut, sans conteste, le connaisseur le plus averti de l'histoire et des institutions de l'Église au temps de la papauté d'Avignon et du Grand Schisme d'Occident. Des travaux remarquables ont été publiés en France au cours de ces dernières années sur la Cour avignonnaise et sur les finances pontificales du xive siècle, mais ceux de M&T Mollat gardent, en tout état de cause, valeur d'initiation et d'orientation ; sur nombre de points ils ne seront pas, de longtemps, dépassés.

Le Président fait connaître que l'Académie vient, en comité secret, d'attribuer le prix Lefèvre-Deumier à M. Roger Bastide pour l'ensemble de son œuvre, notamment pour son livre récemment paru : Les Amériques noires.

M. Charles Samaran présente un feuillet de parchemin portant, dessinées à l'encre noire et accompagnées de commentaires, plusieurs scènes illustrant un Commentaire de l'Apocalypse du début du xve siècle. Ce feuillet, récemment découvert par le Directeur des Archives de l'État à Mons (Belgique), a échappé par hasard à l'incendie qui a ravagé ce dépôt en 1940. Il avait servi de chemise à un dossier et représente vraisemblablement un de ces « cartons » qui servaient aux miniaturistes, comme aux peintres et aux tapissiers et que l'on détruisait normalement après usage. M. Samaran rappelle à ce propos les esquisses à traits légers que l'on retrouve parfois sous les miniatures et celles qui ont été parfois oubliées dans les marges des manuscrits1.

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MM. Jean Hubert, Pierre Marot et Henri-Charles Puech présentent des observations.