LE DIALOGUE PHILOSOPHIQUE, GENRE IMPOSSIBLE ?
L'OPINION DES SIÈCLES CLASSIQUES
Communication de M. Maurice ROELENS {Perpignan) au XXIIIe Congrès de l'Association, le 26 juillet 1971.
La question qui fournit à cet exposé son titre : « le dialogue philosophique, genre impossible ? » peut sans doute surprendre après les communications entendues ce matin et quand on songe qu'en face du massif héritage de dialogues d'idées légué par l'Antiquité grecque et latine et la Renaissance Italienne, nos deux siècles classiques sont, dans l'histoire de la littérature française, les seuls ou presque à pouvoir opposer un nombre certain de chefs-d'œuvre authentiques, de Pascal à Joseph de Maistre, de Fontenelle à Diderot.
Cependant, derrière les éloges fréquemment adressés au cours de ces deux siècles au dialogue comme méthode de recherche et d'exposition de la vérité, comme forme d'animation et de dramatisation des idées, comme instrument plaisant et attrayant au service de la pédagogie, de la vulgarisation, du combat idéologique ou de l'effort apologétique, se laisse souvent percevoir, dans les rares textes théoriques consacrés au genre, dans les préfaces et les comptes rendus critiques, tout un ensemble de réticences, de méfiances et de reculs à l'égard de la forme dialoguée, lorsqu'elle se met au service des idées et de la philosophie. C'est à l'exploration partielle de ces réticences, à la manière dont elles s'analysent et se
