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La loi des grands nombres

[article]

Mesure de l'audience et représentation politique du public

Fait partie d'un numéro thématique : L’emprise du journalisme
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Patrick Champagne

LA LOI

DES GRANDS NOMBRES

Mesure de Paudience et représentation politique du public

es sondages d'audience des grands médias audiovisuels, et notamment de la télévision, sont apparemment des sondages simples, non politiques, qui ne prétendent pas saisir des opinions, mais seulement la présence des téléspectateurs devant l'une ou l'autre des chaînes de télévision. La mesure des audiences peut apparaître comme une sorte d'équivalent, pour ces médias à consommation « immatérielle » que sont les radios et la télévision, de ce qu'est le tirage pour la presse écrite (ou plus exactement les enquêtes de lecture faites par le Centre d'étude des supports de publicité). Ce type de sondage ne pose donc pas les problèmes classiques que les instituts rencontrent généralement lors de la passation des questionnaires d'opinion (effet d'imposition des problèmes, questions mal comprises, etc.). Il s'agit de résoudre des problèmes purement techniques qui consistent seulement à se donner les moyens de saisir, avec un maximum de précision, les présences devant les écrans de télévision et, si possible, de les identifier. Si la mesure des audiences et leur publication dans les médias est devenue banale aujourd'hui et semble répondre à une curiosité légitime, il n'en a pas toujours été ainsi. L'histoire sociale des dispositifs successifs qui furent mis en place à la radio puis à la télévision montre que la simple mesure d'audience engage en fait une véritable représentation politique du public.

Créé à la fin de la guerre, le Service des relations avec les auditeurs et téléspectateurs, qui était chargé de s'occuper de la tâche traditionnelle du courrier des auditeurs, réalise, dès 1946 pour la radio, le premier sondage d'audience afin d'établir un lien plus étroit avec le public1. Cette première enquête, qui s'inspirait des sondages faits aux États-Unis et en Angleterre, espérait recueillir une image des auditeurs plus

fidèle que celle qui était donnée par le seul courrier spontané. Elle eut un faible taux de réponses, malgré une forte mobilisation, parce que les gens interrogés ne croyaient pas alors que ce type d'enquête, inhabituel à l'époque, puisse servir à quelque chose, mais aussi parce que les enquêteurs mobilisés (essentiellement des personnels de la radio ou des services publics) n'y croyaient pas non plus : l'opinion de ces enquêtes anonymes, disaient-ils, qui n'ont même pas le courage de donner leur nom, n'est que l'opinion fluctuante et fantaisiste de gens incompétents, et ne doit donc pas être prise en considération. En outre, ils se demandaient s'il était bien nécessaire d'aller chercher ces opinions inconsistantes alors que la Radio Télévision Française disposait d'un corps de représentants compétents (c'est-à-dire eux-mêmes) qui étaient prêts à donner la leur. Ce service, significativement, connaîtra peu de changement jusqu'en 1964 : il n'aura que deux directeurs, Roger Veillé (jusqu'en 1950), un jeune professeur de philosophie, et surtout un journaliste, Jean Oulif, qui y restera vingt-deux ans, cette stabilité, comme certains l'ont noté, prouvant au moins que la question de l'audience n'était pas alors un enjeu important. Autour d'eux, ces responsables constituèrent seulement une petite équipe d'« enquêteurs maison», recrutés au hasard de rencontres, sans formation particulière (plus littéraire cependant que scientifique), qui étaient simplement censés « avoir des idées » sur ce que devait être une « bonne radio de service public » .

1 - Les développements qui suivent reposent sur un ensemble de travaux menés depuis quelques années sur l'histoire des sondages d'audience, notamment sur les articles de Cécile Meadel, « De la formation des comportements et des goûts. Une histoire des sondages à la télévision dans les années cinquante », Réseaux (Communication technologie société), janvier 1990, n° 39, p. 37-55, de Jérôme Bourdon, « A la recherche du public ou vers l'indice exterminateur. Une histoire de la mesure d'audience à la télévision française», Culture technique, 1992, p. 40 sq., ainsi que sur divers articles de Michel Souchon. On s'est aussi appuyé sur le n° 22 des Dossiers de l'audiovisuel (novembre-décembre 1988) établi par Régine Chaniac et intitulé «Télévision : la mesure de l'audience ». Je remercie Guy Pineau pour son aide.

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