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Les chansons de geste et l'affermissement du pouvoir royal (1100-1250)

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

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Les progrès de l'autorité monarchique, au début du xiie siècle, s'expliquent par la conjonction de deux faits. D'abord la pensée augustinienne, répandue par l'Église et présente par le sacre ; ensuite l'accroissement de la puissance financière et territoriale du roi de France. Ce facteur est évidemment déterminant ; il a permis de rapprocher, dans une large mesure, la réalité de l'idéal sans cesse affirmé par les clercs à travers les périodes même les plus critiques. Une valeur très haute a été reconnue à la royauté française à une époque où sa faiblesse politique et territoriale était criante. C'est précisément cette valeur qui a évité un total effondrement (avec l'importance de l'appui idéologique de l'Église) et qui a permis d'exploiter, après Il00, les conditions favorables à un affermissement. Mais c'est grâce à un accroissement de sa puissance territoriale en Ile-de-France et de sa puissance financière que le roi a pu transformer une prééminence très lâche en véritable pouvoir royal. Trois moyens ont alors servi : la force des armes, l'utilisation des institutions dans un sens favorable à la royauté (hiérarchie féodale en formation ; problème des arrière-vassaux de la Couronne, etc.), et toujours l'augustinisme politique. Ainsi est-on passé, sous la régence de Suger, de la trêve de Dieu à la « paix du roi ».

Summary

Summary

If one examines the attitudes toward royal power and the values ascribed to kingship in the chansons de geste from their origins to about 1230, these apparently quite different—indeed contradictory—works turn out to be deeply consistent : while exploring in turn every possible configuration, they consider that kingship ought to be both a value and a power. After 1150, once royal power had begun to assert itself, one notices a slight ideological weakening, although it rarely led to a questioning of the kingship principle. From about 1200 on, many chansons restate the old convictions : they do so in rather unadorned terms, which in fact are just a stylistic usage imposed by the development of epic themes. The ideal of a weak kingship (of the Arthurian kind, for example) is nowhere to be found. The ideological continuity of the chanson genre (with ail its patterns of resonance) therefore seems to have prevailed over historical circumstance.

Type
Pouvoir Royal et Idéal Politique
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1982

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References

Notes

1. Cf. par exemple la collection canonique Cvabbon De Fleury (C. 992), et en particulier le chapitre De Minisierio régis. On en trouve une analyse récente dans G. Duby, Les trois ordres ou l'imaginaire du féodalisme, Paris, Gallimard, 1978.

2. A. Grabois, « De la trêve de Dieu à la paix du roi », Mélanges Crozet, Paris, 1966.

3. J.-F. Lemarignier, La France médiévale, Paris, Armand Colin, 1970, p. 159.

4. K. H. Bender. Konig und Vassal, Heidelberg, 1963.

5. M. Rossi. « Figures royales et conception de la fonction monarchique dans Gerbert de Mez ». Senefiance I (Cahiers du Cuerma), Aix, 1976.

6. Ainsi G. Paris, Histoire poétique de Charlemagne, Paris, 1865 ; L. Gautier, Les épopées françaises. Paris, 2e édition, t. 3, 1878.

7. On se reportera utilement à des ouvrages comme J.-F. Lemarigmer, op. cit. ; R. Boutruche. Seigneurie et féodalité, Paris, Aubier, 1970 ; F. Lot et R. Fawtier, Histoire des institutions françaises au Moyen Age, t. Ii, Paris, P.U.F., 1958.

8. Ainsi, A. Demoulin, dans Marche romane. Xxv. 1975, pp. 105-126.

9. Historia Regum Britanniae, Xi, chap. viii.

10. Chronique. Iii, chap. xx.

11. Ibid.

12. Gormond et Isembard.C.F.M.A., 1931, v. 470-478.

13. Ibid., v. 484-485.

14. Ibid., v. 628-654.

15. La Chanson de Guillaume, McMillan éd., Satf, 1950, v. 2 495-2 600.

16. Cf. en particulier J. Dufournet, dans Revue des Langues romanes, 1966. pp. 103-118.

17. J. Bédier, Les légendes épiques. Champion, 1908-1913, t. Iv, p. 454.

18. Nous nous limiterons ici à la partie rimée, la partie finale assonancée, beaucoup plus romanesque qu'épique, n'apportant rien à notre propos.

19. P. Matarasso, Recherches historiques et littéraires sur Raoul de Cambrai, Nizet, 1962.

20. Raoul de Cambrai, Meyer et Longnon éd., Satf, 1882, v. 629 ss ; v. 1 873 ss, etc.

21. P. Matarasso, op. cit., p. 119.

22. V. 106-116.

23. V. 117.

24. V. 652 : « Mais li baron le loerent ainsi. »

25. V. 5 432 ss.

26. V. 823-825.

27. Il demeure des exceptions. Ainsi, la Chanson d'Aspremont(C.F.M.A., 1970) définit encore la royauté comme valeur suprême (v. 99) et comme pouvoir suprême (v. 146).

28. Girard de Roussillon, Hackett éd., Satf, 1963-1965, v. 563-565.

29. Cf. l'analyse détaillée de P. Le Gentil, « Girard de Roussillon, structure et sens du poème », Romania, 1957.

30. Chevalerie Ogier, M. Eusebi éd.. Milan, 1963, v. 12 265-12 285.

31. Renaut de Montauban ou Les quatre fils Aymon, Montpellier, Castets éd.. 1909, v. 5 134-5 183.

32. V. 10 l00ss.

33. V. 15 060 ss.

34. Ainsi lorsqu'il annonce à ses barons son intention d'attaquer Renaut à Montauban, sans les consulter comme il le devrait, v. 4 482-4 508.

35. V. 9 690-9 724.

36. V. 11 260 ss.

37. Cf. pour plus de détails, J. Subrenat, Étude sur Gaydon, Université de Provence, 1974. pp. 305-321.

38. Dans la mesure où elle semble avoir à coeur de lui répondre en retournant ses arguments. Nous comptons revenir plus tard sur ce problème.

39. Jehan de Lanson. J. Vernon Myers éd., Chapell Hill, 1965, v. 40-248.