L'ÉCONOMIE MARTINIQUAISE : CROISSANCE OU EXCROISSANCE?
par Claude de Miras*
Croissance ou excroissance économique dans le département de la Martinique?
En tout état de cause, la forme interrogative s'impose à propos de l'économie martiniquaise, de son mode de développement et de ses perspectives d'évolution.
Le poids de son histoire, l'exiguïté de cette entité (325 000 habitants sur 1 100 km8), sa situation dans la zone Caraïbe à 7 000 km de la France métropolitaine constituent, en première analyse, une situation géopolitique et économique originale.
Pour le moins, il apparaît que l'analyse et l'intelligibilité de ce mode de développement particulier sont encore à parfaire : ni l'approche en termes de situation coloniale ou celle de crise de l'économie de plantation ou encore le distinguo entre développement social d'une part et économique d'autre part, n'épuisent totalement la question de sa nature.
Sans prétendre à notre tour livrer la clef de sa compréhension, nous tenterons de formuler certaines hypothèses sur la structure, les fondements et les transformations de cette économie insulaire.
L'intérêt de ce débat est à la fois théorique puisqu'il s'agit de caractériser ce mode de développement particulier et opportun localement dans le contexte de relance de la production martiniquaise prônée par les autorités régionales.
Nous envisagerons successivement les trois chapitres suivants :
I. L'économie martiniquaise : une économie en transition; П. L'économie de transferts; III. La production locale : nécessité, projet ou mythe?
Précisons qu'au plan statistique, notre analyse ne saurait aller au-delà de 1980 puisque les données se rapportant à la valeur ajoutée sectorielle et au pib du département ne couvrent pas encore les six dernières années (n° 8, p. 13 et 15). Cependant, à chaque fois que cela a été possible, nous avons pris en compte des données plus récentes (production, emplois...).
* Economiste, chargé de recherches orstom.
Revue Tiers Monde, t. XXIX, n° 114, Avril-Juin 1988