JÉRÔME-MARIE CHAMPION DE CICÉ :
VIVRE EN ARCHEVÊQUE À LA FIN
DU XVIIIe SIÈCLE
Lorsque la tourmente des événements emporta inexorablement les institutions de l'Ancien Régime, une partie de la noblesse française qui avait déclenché une révolution qu'elle n'arrivait plus à contenir préféra prendre le chemin d'un exil hasardeux. Parmi ceux qui avaient trop longtemps espéré contenir la fureur des revendications populaires, Jérôme- Marie Champion de Cicé venait lui aussi de quitter un pays à la dérive. Agent général du clergé, évêque de Rodez puis archevêque de Bordeaux en 1781, celui qui fut le dernier garde des sceaux de la monarchie absolue avait ardemment soutenu les thèses libérales du Tiers. Son hostilité à la constitution civile du clergé, qu'il conseilla pourtant à Louis XVI de ratifier, et aux réformes radicales de la Constituante où il siégea néanmoins jusqu'à sa dissolution en septembre 1791, le contraignit d'abord à démissionner, puis à partir pour Bruxelles, abandonnant ainsi sa fortune au zèle et à la vigilance des commissaires de la République. L'inventaire de ses biens ofíre l'une des meilleures sources qui soit sur le quotidien de l'un des plus grands dignitaires de l'Église catholique en France à la fin du XVIIIe siècle \
La fortune des prélats bordelais
Les confiscations révolutionnaires
En dénonçant avec vigueur la constitution civile du clergé, Champion de Cicé tomba sous le coup de la loi du 27 novembre 1790 qui prévoyait la destitution de tous les ecclésiastiques n'ayant pas juré fidélité à celle-ci dans les huit jours. Pourtant les Bordelais ne se pressèrent pas pour enregistrer le texte publié dans la ville le 18 janvier 1791, et ce n'est que
1. Ce travail partiel, s'inscrit dans le cadre plus large d'une biographie complète de l'archevêque de Bordeaux puis d'Aix et Arles jusqu'à sa mort en 1810. En effet, en dehors de très nombreuses notices, plus ou moins détaillées, il n'existe véritablement qu'une seule étude d'ensemble qui lui soit consacrée, celle de Louis Levy-Schneider, L'application du concordat par un prélat d'Ancien Régime, Paris, 1921.
R.H.É.F., t. LXXIX, 1993.
