La Démocratie Objectivement Définie

LOUIS FREY

Dans un récent article de cette même revue 1, M. Jean Meynaud a présenté d'une manière particulièrement détaillée les contributions que les mathématiques commencent à apporter à la gestion des affaires publiques. Comme l'auteur le souligne à si juste titre, ces contacts récents, quoique encore épiso- diques, entre le pouvoir et la science la plus rigoureuse ouvrent des « perspectives nouvelles d'une grande importance ». L'intérêt que quelques mathématiciens portent aux problèmes de la vie sociale témoigne d'ailleurs, comme aime à le souligner M. G. -Th. Guilbaud, de la résurgence d'un courant de pensée particulièrement important aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il a été interrompu durant tout le xixe et au début du xxe : il semblerait que le développement des grands ensembles économiques ainsi que les problèmes et les conflits qu'ils suscitent aient à nouveau reporté l'attention vers l'étude objective des prises de décision et des régulations au sein des systèmes socio- économiques. Au cours de son étude, M. Meynaud s'efforce de définir les deux grandes tendances contemporaines connues du grand public sous les dénominations imprécises de recherche opérationnelle et de cybernétique. Il en souligne l'intérêt, en montre les limites dans le même temps qu'il entreprend l'étude des relations qui s'établissent entre deux groupes : celui des techniciens particuliers et celui des responsables politiques. Cet essai qui entre tout naturellement dans le cadre des recherches de sociologie politique n'aborde aucunement, et par une précaution volontaire, l'étude des relations similaires qui s'établissent de plus en plus fréquemment

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