L’EVOLUTION DES PEUPLEMENTS D’OISEAUX LE LONG D’UN GRADIENT ALTITUDINAL DANS L’HIMALAYA CENTRAL

L’Himalaya, barrière abrupte entre les influences continen¬ tales et tropicales, offre une remarquable succession d’habitats peuplés d’une faune très diversifiée. Dans le secteur étudié au centre du Népal (27°40’ à 28°55’N -83°35’ à 84°40’E), sur le versant sud de la chaîne, on s’élève en moins de 100 km de 100 à plus de 8 000 m d’altitude, c’est-à-dire des forêts tropicales aux grands glaciers. Les crêtes franchies, on tombe dans les vallées intérieures plus sèches, puis sur les hautes steppes arides tibé¬ taines. La variété floristique et faunistique ne tient pas seulement au gradient nord-sud et à l’étagement altitudinal. On observe également d’est en ouest le passage d’un peuplement d’origine orientale à un peuplement d’affinité paléarctique. Le Népal cen¬ tral, malgré l’absence de barrière, est une région charnière, limite de répartition de nombreuses espèces ou races.

Notre étude a été effectuée le long d’un transect dont la figure 1 représente la partie élevée, c’est-à-dire le haut et moyen bassin de la Kali Gandaki, du plateau tibétain au nord à la vallée de piedmont de Pokhara au sud. En aval, la Kali Gandaki (Narayani) traverse les chaînons préhimalayens de la Mahabharat Lekh (culminant vers 2 500 m), puis des Siwaliks, ou Churia (1 000 m), pour atteindre à la frontière indienne le bas Terai, bordure de la plaine du Gange. Le parc national de Chitwan, extrémité méridionale du transect, est situé à 60 km au sud de la figure 1, sur le revers nord des Siwaliks.

Cette première tentative d’analyse des peuplements aviens du massif des Annapurnas ne pouvait être qu’un survol général en raison de la complexité des faunes et des habitats. Sur le transect au sud de l’Annapurna l’étude de terram a duré 83 jours, du

Rev. Ecol. (Terre Vie), vol. 34, 1980