R.O.M.M., 36, 1983-2

TAXATION DES CORPORATIONS PROFESSIONNELLES D'ALGER A L'EPOQUE TURQUE

par Miriam HOEXTER

Introduction

La période que nous allons étudier ici s'étend de la fin du XVIIe siècle à la conquête d'Alger en 1830 par les Français. Comme nos sources traitent en premier chef des corporations professionnelles de la ville d'Alger, c'est cette ville qui sera l'objet principal de cette étude. Le peu de renseignements que nous avons pu recueillir sur les corporations professionnelles des autres villes de l'Algérie, notamment Constantine, ne servira qu'à des fins de comparaison.

Les comparaisons professionnelles de la ville d'Alger ne comprenaient que la population musulmane permanente de la ville. A côté d'elles deux autres groupes de la population urbaine, qui exerçaient divers métiers, seront mentionnés dans cette étude :

a) des membres de la communauté juive d'Alger, groupés dans l'organisation communautaire juive, à la tête de laquelle était placé le muqaddam juif ;

b) les corporations des barrâniyya ou « gens de dehors », venus de l'intérieur du pays pour trouver un travail temporaire dans la ville. A Alger, ils étaient groupés en six corporations selon leur lieu d'origine : les originaires de la région du Mzâb, de Biskra, de Djidjilî, d'al-Aghwât, de la tribu des Mzîta et les Nègres libres. Chacune de ces corporations exerçait un ou plusieurs métiers, dont elle avait le monopole. Le chef de chacune des corporations des barrâniyya, tout comme le chef de chacune des corporations professionnelles, était appelé amîn. Le chef de la corporation des Nègres libres était le qâ'id. Les barrâniyya, ainsi que la communauté juive n'étaient pas des corporations professionnelles proprement dites et doivent être étudiées séparément (1)

Au cours de cette étude, nous avons fait appel principalement à trois catégories de sources : _

a) ouvrages des voyageurs et des consuls étrangers qui ont séjourné à Alger à l'époque dont il est question ;

b) registres du gouvernement turc de l'Algérie, y inclus la traduction du registre appelé Tachrifat (2) ;

c) documents et publications officielles des premières années de l'occupation française de l'Algérie. Aucune de ces sources ne fournit à elle seule un aperçu à la fois clair et complet de la taxation des corporations professionnelles d'Alger. Les renseignements