AUTOBIOGRAPHIE ET HÉRITAGE
DANS LA LANGUE DES DIEUX :
D'HOMÈRE A HÉSIODE
ET PINDARE
I. L'autobiographie et le chien de la grande déesse pindarique
1. La langue des dieux est une tradition de poésie indo- européenne qui attribue deux noms à un réfèrent, l'un humain qui renvoie au monde des hommes, l'autre divin qui renvoie au monde des dieux1. En voici un exemple, le second des quatre exemples de la langue des dieux de VIliade : Β 811 "Εστί δε τις προπάροιθε πόλιος χίπεΐα κολώνη ... 813 τήν ήτοι άνδρες Βατίεαχν κικλήσκουσιν,
814 αθάνατοι δε τε σήμα πολυσκάρθμοιο Μυρίνης.
(1) J'apporte ici des compléments au chapitre III de mon livre sur «La langue des dieux ou l'hermétisme des poètes indo-européens» (Pise : Giardini), 1989, et à l'article cité note 3 sur trois points : parenté proche de la langue des dieux hittite et grecque dans les exemples de VOdyssée, Hésiode, Pindare ; innovation par introduction de mentions autobiographiques, qui sont comme des signatures d'artistes, dans VIliade, chez Hésiode, et Pindare ; transmission par enseignement des héritages, auxquels chaque poète apporte des innovations. Dans le premier exemple cité, le génitif du nom de la «ville» de Β 811 doit être non πόλιος, amétrique, mais πόλεις (Schwyzer, Griech. Gramm. I, 572), génitif archaïque de thème en *-i-, qui s'accorde bien avec le caractère savant de la langue des dieux.
R.E.G. tome CM (1990/2), pp. 383-408.