Pierre BOISSEL, Bernard DARBORD, Jean DEVARRIEUX, Catherine FUCHS, Georges GARNIER, Claude GUIMIER URA 1234 CNRS Université de Caen
PARAMETRES ENONCIATIFS ET INTERPRÉTATIONS DE POUVOIR
Dans la perspective « polysémique » que nous avons adoptée (cf. introduction supra), la recherche des paramètres contextuels orientant l'interprétation de pouvoir en discours est essentielle : il s'agit en effet de comprendre par quels enchaînements complexes de mécanismes linguistiques le sémantisme de base propre à l'unité pouvoir (« rien ne s'oppose à ce que... », « toutes les conditions sont réunies pour que... ») peut se voir enrichi de valeurs plus déterminées, plus spécifiques, sous l'effet d'un certain nombre d'indices, en particulier la présence dans le contexte linguistique immédiat de marqueurs d'autres catégories grammaticales ] .
C'est précisément à une étude systématique de quelques-uns de ces indices — ceux qui nous sont apparus les plus importants — qu'est consacré le présent article. Nous nous sommes volontairement limités aux indices contenus dans l'environnement immédiat du modal, c'est-à-dire à l'intérieur de l'énoncé même où est employé pouvoir. Ces indices concernent le SN sujet (personne et détermination), le prédicat (type de procès et temporalité) et enfin l'assertion (négation vs affirmation) 2. On voit qu'ils constituent tous des marqueurs d'opérations énonciatives par lesquelles l'énonciateur construit son énoncé en ancrant la relation predicative par rapport à ses coordonnées référentielles (son « moi-ici-maintenant »).
1. Il va sans dire que les propriétés syntaxiques (comme la portée du modal et le type de construction de la proposition) constituent aussi de tels indices pertinents. Nous n'y revenons pas ici, dans la mesure où elles ont été étudiées dans l'article de Cl. Guimier supra. 2. Le présent article est issu d'une réflexion collective menée sur le rôle des paramètres contextuels dans l'interprétation de pouvoir. La répartition du travail (tant pour l'étude linguistique que pour la rédaction) a été la suivante : le § I (la personne) a été assuré par B. Darbord, le § II (la détermination) par Cl. Guimier, le § III (les types de procès) par C. Fuchs, le § IV (la temporalité) par P. Boissel et J. Devarrieux, le § V (la négation) par G. Garnier, cependant que les lignes introductives, le § VI de synthèse et l'harmonisation d'ensemble ont été confiés à C. Fuchs ; nous prions le lecteur de bien vouloir pardonner d'éventuelles disparités stylistiques, qu'une telle répartition peut engendrer. Divers corpus ont été analysés lors de ce travail, en particulier le corpus expérimental constitué par J. Caron et al. (cf. leur article infra), auquel sont repris ici un certain nombre d'exemples.
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