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Le premier Roman de Tristan (fin)

[article]

Année 1962 5-20 pp. 419-435
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Page 419

Maurice DELBOUILLE

Le premier Roman de Tristan

(fin)

Le premier problème sera celui que pose l'épisode du « serment ambigu », inconnu d'Eilhart, mais présent chez Thomas et chez Béroul comme celui de la tentative de rapt.

Aux pages 259 et suivantes du tome II de son édition de Thomas, Bédier a clairement montré comment le poète « anglais », après avoir conté la « fleur de farine », s'est séparé de son modèle pour éviter les épisodes du bûcher, du saut de la falaise, d'Iseut livrée aux lépreux, de la fuite des amants, de leur misérable séjour dans la forêt et de leurs rencontres avec Ogrin, et comment alors il a fait suivre la « fleur de farine » d'un épisode où Iseut, pour se disculper, recourt au serment ambigu, puis à l'épreuve du fer rouge. C'est après cet épisode que, dans le récit de Thomas, le roi Marc accorde son pardon aux amants, qui s'en vont alors ensemble vivre dans une grotte merveilleuse. Il suffit, à ce propos, d'évoquer la rigueur de l'analyse où le maître prouve que la version de Thomas n'est, en cet endroit, qu'un maladroit remaniement du récit sur lequel s'accordent Eilhart, Béroul et la Prose.

Le seul problème que Bédier omette de résoudre explicitement est celui de la provenance du « serment ambigu », absent d'Eilhart et placé en outre par Béroul non pas après la « fleur de farine », mais après le retour de la forêt, quand Marc a accepté de pardonner à Iseut et que les amants sont prêts à se séparer. Quand il s'interrogera sur l'authenticité de l'épisode (p. 265), Bédier trouvera seulement « possible que ce récit soit une de ces végétations parasites qui se sont développées autour de Yestoire ».

Il convient de noter d'abord, à ce propos, que la version d'Eilhart, qui ignore l'épisode, ne montre trace d'une quelconque lacune ni à l'endroit où Thomas le place, ni à l'endroit où il vient chez Béroul. Le texte allemand, après la fleur de farine, considère (et Béroul avec lui) que le flagrant délit constaté donne à Marc le droit de punir les coupables sans autre forme de procès, conformément d'ailleurs à la loi du xne siècle, et passe immédiatement au châtiment choisi par le roi, les scènes du bûcher, de la chapelle et des lépreux amenant (chez Eilhart et chez Béroul) la fuite des amants dans la forêt. Le même texte allemand, à la fin du séjour dans la forêt, après l'intervention d'Ogrin, le pardon de Marc et l'échange des gages de fidélité entre Tristan et Iseut, montre logiquement la reine revenant à la cour et son ami partant pour l'exil, conformément à la volonté du roi et aux engagements pris par les amants : Marc, convaincu — par la scène de la loge de feuillée — de la pureté du sentiment qui lie son épouse et son neveu, ne peut décemment, après avoir accepté l'offre transmise par Ogrin, imposer à sa femme les épreuves d'un jugement, comme il le fait dans la version de Béroul.

La cohérence logique et dramatique du récit d'Eilhart, d'une part, l'évidente incohérence de chacune des versions, d'ailleurs divergentes sur ce point, de Thomas et de Béroul, d'autre part,

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