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1956 -1986 : TRENTE ANS DE PEINTURE MAROCAINE

1956 : c'est l'année de la proclamation de l'Indépendance au Maroc. Dans le même élan d'enthousiasme qui a conduit à la libération politique, se dessine un mouvement pour une libération culturelle. Le premier gouvernement propose, à la galerie "La Mamounia" de Rabat -qu'occupe aussi le Ministère de l'Education et des Affaires Culturelles -la première exposition collective de trois jeunes peintres, déjà connus dans quelques cercles : Jilali Gharbaoui, Farid Belkahia et Mohamed Ben Allai.

Les oeuvres exposées témoignent de sensibilités fort

différentes, mais aussi d'une envie commune de s'intégrer aux grands courants de l'art moderne, tout en s'appuyant sur une très ancienne tradition esthétique.

En fait les conditions sont favorables pour permettre l'éclosion de cet art nouveau. Ainsi l'artisanat, très vivant, utilise des techniques souvent proches de l'art pictural. On trouve le souci constant d'harmoniser les couleurs, les formes et la matière en fonction des sujets dans les arts du bâtiment -stucs, zelliges, bois sculptés -ou dans les objets de décoration -tapis, bois peints... La calligraphie arabe, les enluminures religieuses, mais aussi tout l'univers des signes que l'on perçoit sur les objets quotidiens, dans les tatouages... vont marquer les nouveaux artistes. La calligraphie arabe, apprise à l'école coranique, est pour moi une inépuisable source de joies, dira Cherkaoui.

Bien entendu, à cette tradition, se superposent les modèles européens. Des peintres français ou espagnols ont trouvé au Maroc des conditions idéales. Le climat, la lumière, l'exotisme ont inspiré les plus grands comme Delacroix, Matisse, mais ont aussi