G. PAPILLAULT. — l'HOMME MOYEN A PARIS 393

L HOMME IWOYEN A PARIS. - VARIATIONS SUIVANT LE SEXE ET SUIVANT

LA TAILLE.

RECHERCHES ANTHROPOMÉTRIQUES SUR 20O CADAVRES1,

Par M. le Dr G. Papillault.

I. — Aperçu général sur l'Anthropométrie.

L'Anthropométrie a pour but de traduire par des nombres ou rapports quantitatifs définis les dimensions et la forme du corps humain.

Par le jeu spontané de ses organes sensoriels et de ses centres récepteurs, le cerveau fait déjà subir aux formes des objets une élaboration en tout point comparable à celle de la science. Il enregistre ces formes dans sa mémoire, il les compare entre elles, il les groupe suivant leurs affinités en idées générales qui sont aux typeset aux moyennes scientifiques ce qu'un sentiment confus est à une idée claire. Ce travail interne suffit pour nous donner une conception suffisamment précise, un sentiment parfois même très délicat des proportions du corps-humain : une anomalie dans son développement ou une erreur de facture dans sa reproduction artistique ont profondément choqué des hommes fort ignorants en anatomie comme l'étaient des Anciens, mais très habitués à la vision du nu.

De bonne heure, cependant, on a été obligé de reconnaître que cette appréciation toute subjective était susceptible d'erreurs et de contradictions qui paraissaient lui être inhérentes, et qui le sont en effet. Le type humain que nous concevons ainsi s'est formé dans notre esprit suivant l'empirisme le plus irrationnel. Il varie chez chacun de nous avec les hasards d'une observation superficielle et les variantes infinies qui constituent le facteur personnel. C'est pourtant à cette idée, faite de pièces et de morceaux, que l'on a donné le nom pompeux d'Idéal, porté par chacun de nous au fond de sa conscience comme un pur reflet du principe des choses.

Les artistes ont été les premiers frappés de ces divergences et de ces erreurs. Soucieux de prêter à leurs divinités les formes les plus parfaitement belles, convaincus, comme on l'était en Grèce, qu'il existait quelque part, dans la pensée des Dieux, ou dans le monde des idées pures et réelles, un archétype humain dont nous ne sommes que des copies imparfaitement réalisées par la matière, ils essayèrent de deviner, de retrouver, parmi la variété misérable des répliques, la forme parfaite dont l'existence idéale ne pouvait être mise en doute à leurs yeux.

Les méthodes qu'ils appliquèrent à cette recherche leur furent suggérées par les théories philosophiques qui régnaient autour d'eux. Pythagore avait affirmé que les nombres et l'harmonie qui en dérivait immédiatement

soc. d'anthrop. 1902. 26