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L'entrelacs du végétal et de l'urbanisation

[article]

Année 1997 74 pp. 40-47
Fait partie d'un numéro thématique : Natures en villes
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L'entrelacs du végétal

ET DE L'URBANISATION

A

#1 plusieurs moments de son his¬ toire, la ville, en crise, a su utiliser les attributs de la nature pour s'adapter et s'améliorer. Comment l'a-t-elle fait ? Quelles représentations de la nature a-t-elle mises en scène ? Nos recherches1 nous ont fait apparaître la nature comme partie prenante de grands projets socio-écono¬ miques et urbanistiques. C'était d'ailleurs la condition requise pour que le végétal vienne habiter l'espace urbain tout en gardant sa mémoire de ruralité et sa beauté. Il fal¬ lait donc se garder de croire qu'un ajout simple de végétal dans l'espace existant pourrait introduire l'avantage de la nature, de sa différence d'avec la ville.

Nous évoquerons quelques temps forts de ces projets : l'espace structuré des promenades urbaines, l'idéal de ruralité des cités-jardins, l'incitation à l'échange des ave¬ nues-jardins et parkways, enfin les façons plus récentes de construire la ville ou d'en rénover l'image par les maté¬ riaux verts.

Un lieu où tout le monde va

La «promenade » 2 ou le «cours » 3 sont, deux siècles durant, les lieux à la mode où l'on se voit, se rencontre et où se fait la vie de la ville. Cet espace de loisir urbain, créé à partir du début du XVIIe siècle, articule la ville ancienne et une ville neuve dédensifiée que l'on bâtit en dérasant l'étouffant carcan des remparts sur lesquels d'ailleurs souvent il prend place. En lui-même c'est une voûte irisée mettant en scène l'arbre. Majestueux dans l'espace généreux, il est aligné en nombre -quatre à huit files -et conduit très haut grâce à des charpentières bi ou trifurquées portant d'abondantes ramures. La large nef lumineuse et mouvante laisse sur le côté voir la vraie nature : les lointains, la courbe d'un fleuve, des reliefs montueux ou la plaine animée des moulins... Une suture s'opère, ces belles allées ombreuses ouvrent la ville vers la campagne, le contact est établi par des places et avant-places. Elles accueillent sur les bords les programmes d'équipements publics et les hôtels particuliers. La ville s'aère et se transforme, tandis que la promenade accueille les mouvements journaliers ou les fêtes plus exception¬ nelles : la parade, l'orphéon, la foire ou la célébration...

Fait au tout départ par le Roi pour lui-même et ses proches, pour une vie publique avec moins de cérémonial, voire plus d'impertinence que dans le palais du Roi, le

Ann-Caroll Werquin, Alain Demangeon

cours devient vite un équipement public4, et un espace cen¬ tral de la ville au fur et à mesure qu'elle s'agrandit. Selon l'intensité de la croissance urbaine le cours sera totale¬ ment absorbé par la ville, comme les Allées Lafayette de Toulouse ou les Grands Boulevards à Paris, ou restera un mail végétal identifiable (Allées Lapérouse à Albi. . .). Son emplacement est stratégique, entre le cœur et le faubourg, il réunit, dans un décor peu figé, les deux populations pour des distractions qui conviennent à tous : spectacles de rue et foires, déambulation, encanaillement des uns, distrac¬ tions des autres. . . Les larges espaces autour, libérés par les fortifications, accueilleront toutes les innovations : les gla¬ ciers italiens, les grill-rooms à l'anglaise, les commerces à la mode, plus tard les cinémas... Dans ce lieu pêle-mêle, l'arbre d'alignement meuble la vastitude et suffit à définir l'équipement même lorsque la promenade n'est pas soi¬ gneusement bâtie et ornée ; longtemps les constructions des bords seront plutôt basses et souvent prises dans des jardins, il faudra attendre le milieu du XIXe siècle pour que les immeubles de ville, hauts et compacts, referment en lui-même cet espace.

Une forme fertile

Avec le temps d'Haussmann vient la multiplication de cette forme. A Paris, le préfet espère aérer la ville qui

1 . «L'art des arbres en ville » recherche pour le Plan urbain, trois tomes : Les grands tracés de Paris, Barcelone d'aujourd'hui et la requalification de l'espace public, Le temps d'Haussmann et la génération des avenues-promenades, 1 990-1 993. «Les savoirs de la voie urbaine », recherche pour le Plan urbain, trois tomes : Paris, laboratoire pour la voie urbaine, Les circulaires de Barcelone, La parkway, le boulevard, 1993-1996. «Les armatures végétales urbaines », «Les Grandes perspectives de Paris » (rapport général et quatre monographies), rapports pour le ministère de la Culture, 1986-1995.

2. «J'allais au Cours où tout le monde était », J. Evelyn, 1 644.

3. Toutes les villes en eurent ; parmi les plus remarquables citons : Paris : le cours La Reine (1616) et le Grand Cours (les Champs-Elysées, 1 670), Aix-en-Provence : Cours Mirabeau (1651), Bordeaux : Allées de Tourny, Auch et Luchon : Allées d'Etigny, etc.

4. En 1 791 , les habitants de Cahors se plaignent de ne pas avoir «de local dans cette commune pour célébrer au grand air les fêtes nationales, par lesquelles l'es¬ prit public s'améliore, l'enthousiasme renaît, de l'institution desquelles dépend la stabilité de la République ». Les Allées (baptisées ensuite Fénelon) seront tracées peu après et plantées en tilleuls achetés à Toulouse, archives communales citées par B. Paumès in Le collège royal et les origines du Lycée, Cahors, 1 907.

Les Annales de Lu Reeherc/ie Urbaine n" 74, 0 ! 80-930-! H-97/74/40/S © MELTT

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