JEAN-FRANÇOIS DOMINE

LA RHÉTORIQUE DES CONVENTIONNELS

A TRAVERS UNE ÉTUDE D'ENSEMBLE :

LES DISCOURS ET RAPPORTS DE SAINT-JUST

Constatant que la rhétorique des conventionnels est le produit d'un alliage paradoxal entre un contenu idéologique nouveau et une forme ancienne, l'auteur tente d'élucider ce phénomène en proposant une lecture d'un corpus, les discours et rapports de Saint- Just au moyen d'une grille composée des figures majeures de la rhétorique.

Pourquoi Saint- Just plutôt qu'un autre? D'abord, pour mieux comprendre l'homme réel occulté par le mythe de « l'archange de la Terreur ». Ensuite, pour analyser le hiatus entre le jeune homme de lettres désœuvré et le député de l'Aisne. Enfin, pour la chronologie — les discours et rapports vont du 22 octobre 1792 au 27 juillet 1794 (neuf thermidor an II). En un laps de temps si court, le style de Saint- Just n'a guère pu évoluer, ce qui est appréciable lorsqu'on entreprend une étude de synchro- nique.

Le mémoire se compose de deux parties elles-mêmes divisées en deux titres comprenant chacun trois chapitres.

La première évoque l'histoire de la rhétorique, son rayonnement sous l'Antiquité puis son long déclin du Moyen-Age au XIXe siècle et son renouveau actuel; on traite ensuite de la méthode. Une formalisation excessive est écartée au profit d'une grille composée des figures majeures de la rhétorique ; ces figures, dont les termes et les définitions ont été tirées de plusieurs ouvrages sur la question, sont divisées en quatre groupes (figures de mots, figures de style, figures de pensée, tropes) selon qu'elles agissent sur le mot ou la phrase, le fond ou la forme. On établit un corpus : discours et rapports de Saint- Just, ce qui n'exclut pas de se référer aux autres productions du conventionnel. D'ailleurs, deux « mini-corpus » sont également analysés. Le premier « Saint- Just avant la Convention » (un discours, quatre