MELANGES

LA MARÉCHAUSSÉE AU XVIIIe SIECLE LES HOMMES ET L’INSTITUTION EN AUVERGNE

L’étude des comportements déviants, criminalité, délinquance, rébellion, est devenue un domaine privilégié de l’histoire sociale que s’efforce de bâtir la recherche historique depuis quelques décennies. Mais la manière dont un groupe humain se protège, accepte ou réprime les attitudes délictuelles est tout aussi signi¬ ficative de la mentalité ambiante. Il est parfaitement vain de vouloir comprendre et retrouver une facette de la société en dissociant le couple criminalité-répression.

Dans la France du XVIIIe siècle, rurale à plus de 80 %, l’ordre et la répression dans les campagnes reposent, pour l’essentiel, sur une force dérisoire par ses effectifs et ses moyens, ambiguë dans ses fonctions, à la réputation souvent peu flatteuse et parfois sinistre : la maréchaussée. La compagnie d’Auvergne, entre autres, fournit l’occasion d’approcher ce milieu mal connu et pourtant important dans l’existence quotidienne du plat-pays.

I. Organisation de la maréchaussée d'Auvergne au XVIIIe siècle

La Maréchaussée de France est, encore au XVIIIe siècle, en cours de gestation. Son élaboration a pourtant commencé sérieu¬ sement au XVIe siècle avec la création, en 1537, d’une force spéciale au service d’une juridiction d’exception connaissant «des vagabonds et gens domiciliés ». Aménagée progressivement tout au long du siècle suivant, cette institution prend véritablement forme moderne au cours du XVIIIe avec les ordonnances fondamentales de 1720, 1760 et 1768-69. Suivre les répercussions de cette évolution en Auvergne permet d’étudier le rôle d’une institution dans la vie du plat-pays et d’appréhender, par le biais du maintien