UN DÉNOMBREMENT DES CORSES EN 1770
L’histoire démographique de la Corse à l’époque pré-statistique n’a fait l’objet que de peu d’études, souvent som¬ maires. Une raison simple, mais impérative, en est la cause : la méconnaissance des documents. Or nous avons retrouvé, aux Archives nationales, les listes nominatives d’un dénom¬ brement effectué par l’Administration française en 1769-1770. Après pointage, il s’est avéré que ces documents couvrent la quasi-totalité de l’île, à l’exception des communes comprises dans l’actuel canton de Bocognano. De plus, les chiffres portés pour les municipalités du canton de Sarrola-Carcopino sont douteux. Il n’en reste pas moins que ce dénombrement méritait étude. Nous donnons ici les résultats de ce travail, avec les réserves qui s’imposent à ce premier stade d’avancement de nos recherches.
I. Le dénombrement de 1770
1. Sa place dans l'histoire démographique de la Corse
Dans son ouvrage intitulé Per la Storia della populazione della Corsica (1), Borlandi fait un exposé détaillé de toutes les opérations entreprises avant 1769 pour connaître la population de l’île. Nous retiendrons, pour comparaison, le dénombre¬ ment effectué en 1740 sur ordre du maréchal Maillebois, dont le nombre de feux et le nombre d’habitants par piève (2)
(1) Borlandi (Franco), Per la storia della popolazione della Corsica, Istituto per gli studi di Politica Internazionale, 1940, in-8°, 206 p., tabi.
(2) Piève : unité administrative d’origine religieuse (le pievan étant le curé «doyen »). Les pièves étaient d’inégale grandeur et comprenaient de deux à une quinzaine de communautés, qui elles-mêmes parfois n’étaient que la réunion de villages (dispersion de l’habitat que doit per¬ mettre de mieux saisir le Plan-Terrier conservé aux A.D. Corse). A noter que dans un mémoire à propos de la contestation de limite entre commu¬ nautés, Testevuide et Bédigis, les directeurs du Terrier, écrivaient le 1er janvier 1781 : «On a cent exemples en Corse de territoires possédés
