Une femme de 39 ans a été adressée à notre clinique de gynécologie pour des lésions génitales douloureuses apparues 4 mois auparavant. Ses antécédents médicaux comprenaient la toxicomanie et des ulcères buccaux douloureux récents, qui ont guéri spontanément. L’examen physique a révélé des lésions verruqueuses, friables et érythémateuses allant des grandes lèvres à l’anus (figure 1A). Le diagnostic différentiel comprenait le cancer et la maladie de Behçet (compte tenu des antécédents d’ulcères buccaux), mais, malheureusement, n’a pas envisagé la syphilis secondaire se manifestant par des condylomes plats. Une biopsie a été réalisée, dont l’examen pathologique a montré un grand nombre de spirochètes (figure 1B). Le dépistage de la syphilis par épreuve de chimiluminescence était positif, et un test rapide de la réagine plasmatique (test RPR) a réagi à 1:64 dilutions. Le dosage de la β-gonadotrophine chorionique humaine et les tests de dépistage du VIH (test combiné antigène-anticorps), des hépatites B et C, de Chlamydia trachomatis et de Neisseria gonorrhoeae étaient négatifs. Nous avons administré une dose de pénicilline G benzathine (2,4 MUI par voie intramusculaire) et proposé de l’aide psychologique et du soutien pour la notification aux partenaires. Au suivi à 4 mois, les lésions de la patiente avaient presque complètement disparu (annexe 1, accessible en anglais au www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.230159/tab-related-content). Le test RPR montrait un titre de 1:8, permettant de confirmer la réussite du traitement1.
En 2021, 11 268 cas de syphilis (30 pour 100 000 personnes) ont été déclarés au Canada, soit une augmentation de 116 % par rapport aux 4132 cas comptabilisés en 20172. La hausse est particulièrement prononcée chez les femmes (+ 729 %, contre + 96 % chez les hommes), en particulier chez celles âgées de 15–39 ans, pour qui le taux a atteint 41,8/100 000 en 20212. Entre 2018 et 2021, 216 cas de syphilis congénitale ont été confirmés au Canada, une augmentation marquée par rapport aux 1–10 cas annuels entre 1993 et 20173.
La reconnaissance précoce de la syphilis peut être complexe. Chez les populations qui rencontrent des obstacles aux soins, le diagnostic risque d’être tardif ou de passer inaperçu. Les cliniciens devraient en connaître les différentes manifestations, dont les condylomes plats, qui sont des lésions mucocutanées très infectieuses. Un examen génital est nécessaire pour identifier les lésions évocatrices de la syphilis infectieuse.
Les images cliniques sont choisies pour leur caractère particulièrement intéressant, classique ou impressionnant. Toute soumission d’image de haute résolution claire et bien identifiée doit être accompagnée d’une légende aux fins de publication. On demande aussi une brève explication (300 mots maximum) de la portée éducative des images, et des références minimales. Le consentement écrit du patient au regard de la publication doit être obtenu avant la soumission.
Remerciements
Les auteures remercient Anne-Élisabeth Marrié-Mas pour la photographie de pathologie et Sylvain Durocher pour son attitude respectueuse pendant qu’il prenait les photographies. Elles remercient également Ameeta Singh, Claude Fortin, Jennifer Gratrix, Petra Smyczek et Kyle Roerick pour leur révision critique du manuscrit.
Footnotes
Intérêts concurrents: Annie-Claude Labbé déclare être membre du Comité consultatif national sur les infections transmissibles sexuellement et par le sang de l’Agence de la santé publique du Canada. Aucun autre intérêt concurrent n’a été déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
Les auteures ont obtenu le consentement de la patiente.
This is an Open Access article distributed in accordance with the terms of the Creative Commons Attribution (CC BY-NC-ND 4.0) licence, which permits use, distribution and reproduction in any medium, provided that the original publication is properly cited, the use is noncommercial (i.e., research or educational use), and no modifications or adaptations are made. See: https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/