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de reconstituer les espaces de la façon la plus authentique possible et de rester fidèle au texte. L’auteur du roman a en effet pris toutes ses précautions avant d’autoriser l’adaptation cinématographique de son œuvre. Également passionnés par leur sujet, l’auteur et le réalisateur portent au grand écran une nouvelle interprétation, une nouvelle expérience de ce que fut la déchirure des années 1950–1960, avec pour conseiller l’historien Benjamin Stora. Par ailleurs, Arcady est également le réalisateur du superbe film Le coup de sirocco (1979), qui met en scène l’exode des pieds-noirs suite à l’indépendance de l’Algérie. Tous les milieux sont représentés dans son dernier long-métrage: les Algériens, les Français, les pieds-noirs, les juifs, les Espagnols, les civils, les fellaga et les militaires. Les symboles s’accumulent les uns après les autres. L’impossible histoire d’amour entre Younès/Jonas et Émilie ressemble à l’impossible entente entre l’Algérie et la France. Comme dans beaucoup des textes de Khadra, l’histoire se met petit à petit en place avant d’exploser à la figure du spectateur. La tension monte, lentement, insidieusement. Peu à peu les belles images de campagne sont remplacées par des vues urbaines où s’installent implacablement le chaos et le désordre. Les gestes de violence de la fin donnent le ton et l’atmosphère. La violence aveugle frappe à l’improviste—le mari d’Émilie meurt égorgé. Le désespoir s’empare des pieds-noirs—Dédé met le feu à son bar. L’explosion du bar signifie la fin d’un monde et d’un mode de vie. Seule la narratrice accompagne d’un ton égal la lecture du film. Là où les crises se succèdent les unes aux autres, elle continue à décrire, observer, narrer d’une manière imperturbable. Selon Khadra, la dimension historique ou politique du film est moins importante que l’histoire personnelle, qui encourage les gens à se réconcilier avec eux-mêmes. Si les deux nations ne peuvent ni tout oublier ni encore pardonner, les individus, eux, peuvent désirer la paix. En visite sur la tombe d’Émilie dans le sud de la France,Younès rencontre par hasard son ami d’enfance qui résume le tout: “Amis pour la vie”. Seton Hill University (PA) Michèle Chossat Dobson, Julia. Negotiating the auteur: Dominique Cabrera, Noémie Lvovsky, Laetitia Masson, and Marion Vernoux. Manchester: Manchester UP, 2012. ISBN 978-07190 -7218-5. Pp. 210. £55. Ce livre s’inscrit dans la mouvance des études cinématographiques anglo-américaines qui tend à reconsidérer la validité scientifique du concept d’auteur. Rejetée en réaction aux excès qu’entraîna en son temps la politique des auteurs (on pense notamment à ceux d’Andrew Sarris), la notion d’auteur retrouve en effet le devant de la scène depuis le début des années 2000 avec la sortie de nombreuses anthologies où en sont explorées les nombreuses facettes. C’est à la dimension politique de la représentation sociale qui émane de l’auctorité féminine que s’intéresse particulièrement Julia Dobson. Le lecteur trouvera donc dans son excellent ouvrage profondément orienté vers les cultural 194 FRENCH REVIEW 87.4 Reviews 195 studies des chapitres incisifs consacrés à des réalisatrices trop peu étudiées par la critique: Dominique Cabrera, Noémie Lvovsky, Marion Vernoux et Laetitia Masson. L’auteur attribue ce déficit d’intérêt à la difficile catégorisation de cinéastes éclectiques qui circulent de façon trop fluide entre les formes, les genres et les circuits de distribution . Organisé comme une petite monographie, chaque chapitre balaye l’œuvre de la réalisatrice auquel il est consacré en portant une attention toute particulière à la représentation de l’intime et du social (c’est à dire des sphères privée et publique). Ainsi Dobson met-elle en évidence combien les films de Cabrera s’attachent à dépasser les clichés d’un cinéma où les relations humaines sont...

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