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CORNEAU, ALAIN, réal. Crime d’amour. Int. Ludivine Sagnier, Kristin Scott Thomas, Patrick Mille, Guillaume Marquet, Gérard Laroche. SBS, 2010. Sorti à la mi-août 2010, Crime d’amour est hélas le dernier film d’Alain Corneau, mort à peine quelques semaines après la distribution en salles de son opus ultime. Réalisateur méticuleux qui a souvent travaillé avec des grands et futurs grands acteurs du cinéma français, Corneau a porté à l’écran des adaptations de romans populaires—dont surtout le très couronné Tous les matins du monde (1991)—ainsi que des films à scénario original, souvent dans le genre polar. Comme le suggère son titre, c’est à cette dernière catégorie qu’appartient Crime d’amour, lequel, divertissant, effrayant, est tourné avec une précision admirable . À l’exception des émotions sans doute universelles qui y sont explorées, tout—les personnages, le cadre, l’intrigue—semble résolument moderne dans ce film, qui examine les rapports entre deux femmes d’affaires éduquées et ambitieuses , cadres supérieures dans une entreprise internationale. Quoique l’action ait lieu principalement à Paris, elle se situe dans un monde “globalisé” où l’on passe du français à l’anglais avec facilité, où l’on signe un contrat au Caire une semaine, avant de mener des négociations serrées en Amérique la semaine suivante . Pourtant, tout devient difficile à localiser car Corneau nous offre des décors volontairement sobres, presque aseptisés. Par exemple, les personnages habitent des pavillons de toute évidence récemment construits dans de nouveaux lotissements. Ils portent des vêtements chic mais passe-partout et travaillent dans des quartiers d’affaires aux gratte-ciel anonymes, apparemment délestés de tout poids historique. Rien donc à voir avec le Paris des monuments familiers. L’Histoire y est pour ainsi dire effacée. Fantaisie ou reflet de la réalité contemporaine, ce gommage de l’Histoire n’empêche en rien qu’il y ait une histoire. L’intrigue suit les machinations de Christine (Kristen Scott Thomas), la quarantaine, cadre supérieure aux ambitions voraces qui s’approprie le travail de ses subalternes. Christine demande dévouement et soumission à son équipe, tout en écrasant avec un sourire glacé ceux qui osent empiéter sur ses plates-bandes. Lorsque Isabelle (Ludivine Sagnier)—sa subordonnée, un tantinet vulnérable, certainement dévouée et à la cote montante —ose faire preuve d’indépendance, on assiste à un cas de harcèlement professionnel doublé de concurrence sexuelle. On note donc un rapport inversement proportionnel entre l’échelle internationale de l’entreprise et celle, très locale et mesquine, de la rivalité mise à nu, motivée par les émotions les plus basses: la jalousie, l’amour-propre, l’ambition. La violence exercée et subie est superbement gérée, pendant un certain temps, selon les codes de comportement des entreprises, mais finalement elle déborde. Sous la caméra presque prédatrice de Corneau, on assiste à un dernier revirement étonnant, lequel fait d’autant plus peur aux spectateurs qu’il est lui aussi froidement contrôlé. La mécanique de Corneau est ici impeccable. Certains cinéphiles reconnaîtront une situation déjà traitée par l’œil scrutateur de Corneau, mais selon d’autres codes. Il s’agit presque d’un remake de son adaptation très réussie de Stupeur et tremblements (2003), d’Amélie Nothomb, film dans lequel une femme harcèle et cherche à en écraser une autre dans une entreprise japonaise. Pourtant, à la différence du premier film, où le comique l’emporte—la jeune rivale finit dame-pipi et démissionne—il y a ici bain de sang et tragédie. L’analyse de cette différence occupera les critiques à l’avenir, Reviews 371 mais on peut déjà prédire que le formidable Crime d’amour plaira autant aux amateurs de cinéma qu’au grand public. Mount Allison University (NB, Canada) Mark D. Lee KECHICHE, ABDELLATIF, réal. Vénus noire. Int. Yahima Torres, André Jacobs, Olivier Gourmet, François Marthouret. MK2, 2010. Abdellatif Kechiche, director of the acclaimed L’esquive and La graine et le mulet...

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