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Reviewed by:
  • Femmes, culture et pouvoir
  • Andrée Lévesque
Ferland, Catherine, et Benoît Grenier, (dir.) – Femmes, culture et pouvoir. Québec, Presses de l’Université Laval, 2010, 329 p.

Le colloque en hommage à Micheline Dumont, à l’Université de Sherbrooke en 2009, a fourni une bonne moisson d’articles réunis ici dans un recueil sous la direction de Catherine Ferland et de Benoît Grenier. Leur tâche n’a pas dû être facile : seize articles sur quatre siècles et trois continents : sept sur l’Ancien Régime, trois sur le XIXe siècle, six répartis sur le XXe. Aussi dispersés dans l’espace que dans le temps : quatre sur la Nouvelle-France et le Bas-Canada, dix sur l’Europe et l’empire colonial français (Tunisie), et deux sur les Amériques (États-Unis et Brésil).

Comme il est impossible de rendre justice à tous ces travaux individuellement, nous relèverons ceux qui nous ont paru les plus novateurs et qui élargissent le plus la problématique du pouvoir et de la culture des femmes. Car les auteures venant de milieux très variés, québécois, français et canadiens, sont à des moments différents de leur carrière et l’inexpérience de certaines, qui ne dépassent guère l’empirisme et dont les travaux sont souvent à l’état d’ébauches, ressort à côté des quelques historiennes chevronnées spécialistes de l’histoire des femmes depuis des décennies.

Dans la première section du livre sur « Éducation, culture et transmission des idées », Colleen Gray, qui poursuit sans relâche et avec finesse son travail sur Marie Barbier, traite directement du « pouvoir des femmes » dans sa tentative de dévoiler la personnalité de cette religieuse, filtrée par les écrits de son biographe, qui fut un temps supérieure de la Congrégation Notre-Dame.

L’étude d’Isabelle Le Huu sur la culture du livre dans l’élite sudiste au XIXe siècle, montre le rôle crucial des femmes dans la transmission du patrimoine culturel telle que révélée dans leur correspondance, combien didactique, avec leurs enfants. Deux siècles plus tard, leur érudition nous épate.

Le livre est divisé en deux autres sections : « Rôles familiaux, travail et représentation dans la sphère publique » et « Pouvoir politique, militantisme et enjeux sociaux ». De cette production éclectique se dégagent des thèmes récurrents et chacun des articles aborde un aspect des sujets annoncé dans le titre du livre, « culture et pouvoir ». On aborde ces questions surtout par le biais des analyses de discours qui recoupent l’ensemble de ces travaux, discours masculins dominants, mais aussi discours de femmes que les auteures ont débusqués et remis à l’honneur. Ainsi, plusieurs hommes se sont bien exprimés sur le rôle des femmes pendant la « querelle des femmes » au XVe siècle, mais Christine de Pisan, dans l’article de T. Clavier, offre à ses contemporaines des modèles inspirants de femmes idéales.

Les femmes s’insinuent, même si elles demeurent sous-représentées, dans les documents des cours civiles ou des notaires de la Nouvelle-France, comme ces 244 procurations [End Page 205] décortiquées par Ferland et Grenier, ou dans les procès civil étudiés par Sylvie Perrier où les Toulousaines défendent leur patrimoine matrimonial. À Turin, c’est dans les suppliques qu’elles adressent aux corporations que les femmes défendent l’importance de leur travail rémunéré dans l’économie familiale. À l’époque de la Révolution française, les femmes plaident pour l’éducation des filles dans les cahiers de doléances, dans les pétitions ou dans la presse féminine comme Le Courrier de l’hymen (Laurie Laplanche).

Si la présence des femmes dans les Rébellions de 1837–1838 a inspiré quelques romans et déchaîné le sarcasme des journalistes masculins, la correspondance de Julie Papineau, dépouillée par Maryland Randall, vient jeter un peu de lumière non pas tant sur les Rébellions que sur le croisement des sph...

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