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  • Art et argent en France au temps des Premiers Modernes (XVIIe–XVIIIe siècles). SVEC 2004:10
  • Stéphane Roy (bio)
Martial Poirson, éd. Art et argent en France au temps des Premiers Modernes (XVIIe–XVIIIe siècles). SVEC 2004:10. Oxford: Voltaire Foundation, 2004. xix+341pp. £69; €110; US$135. ISBN 0-7249-0849-3.

Sous ce titre, qui dénote l'intérêt croissant des chercheurs francophones pour des problématiques dont le milieu anglo-saxon a fait son miel depuis nombre d'années, le lecteur trouvera une vingtaine de communications (parmi la soixantaine) présentées lors du colloque international intitulé « Argent et littérature XVIIe–XVIIIe siècles » (Paris 10–Nanterre, 12–14 décembre 2002). Le maître d'œuvre de cet événement, Martial Poirson, enseignant-chercheur à l'Université Paris–10 et spécialiste de l'histoire et de l'économie du théâtre aux XVIIe et XVIIIe siècles, explique en préambule les ambitions de ce colloque et les objectifs de la présente publication.

L'ouvrage, ainsi que l'affirme Poirson, se veut résolument ancré dans la multidisciplinarité et dans les croisements chronologiques afin de susciter de nouveaux questionnements et jeter une lumière nouvelle sur une équation mal ou trop rapidement posée: les liens qu'entretiennent art et argent. D'ailleurs, le chapitre introductif prend des allures de manifeste en nous invitant à relire sous un autre jour le fait économique dans son rapport à la littérature. Les actes ici proposés, selon l'organisateur, forment l'« un des tous premiers travaux collectifs portant sur la question des relations entre art et argent et partant, entre économie et littérature, et sur la façon dont artistes et intellectuels s'attardent à représenter et à penser ces relations » (1–4). Poirson expose ensuite très brillamment les fondements épistémologiques aux sources du colloque de Nanterre. Peu importe le point de vue sous lequel il est considéré (comme réserve de valeur, comme instrument de mesure, comme moyen d'échange ou encore comme représentation symbolique), [End Page 528] l'argent a une portée globale sur nos sociétés, tant sur le plan des pratiques sociales que culturelles. Il agit en tant que régulateur du social et affecte les représentations mêmes de ce monde social; chargé d'une force identitaire, il définit et conditionne tout à la fois le groupe, la classe. L'émergence de la civilisation matérielle (croissance des échanges, culture des apparences) bouleverse le rapport des individus en société: l'argent devient la pierre angulaire du social et joue, pour ainsi dire, un rôle structurant. Parallèlement, on assiste au basculement d'une société qui passe d'une « logique essentiellement morale et normative, centrée sur la valeur certaine, intrinsèque, authentifiée des biens et des hommes, à une logique éminemment économique et descriptive, qui postule le caractère relatif, négociable, interchangeable des choses et des êtres » (9–10). L'époque des Premiers Modernes est celle qui a vu s'accomplir ce passage de la philosophie morale à l'économie politique, et qui a vu également le passage d'une économie de subsistance à une économie d'opulence. Ces facteurs historiques combinés se sont répercutés à divers degrés, affectant tout à la fois le domaine des productions culturelles et celui des représentations sociales.

Afin de donner une cohérence générale à la somme des interventions individuelles, Poirson a organisé le recueil en trois grands axes qui reflètent ses précédents arguments: l'argent de l'art (les conditions matérielles de production et de diffusion des œuvres); l'argent dans l'art (l'argent tel qu'il apparaît dans les œuvres fictionnelles); l'argent comme art (l'art qui, par effet analogique, se conçoit et se représente en fonction des catégories propres à la sphère économique). Le premier chapitre, « Généalogies: économie et littérature au dix-septième siècle », rassemble cinq communications qui préfigurent déjà les enjeux qui marqueront le XVIIIe...

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