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Deux formes du communen Gréce ancienne

Published online by Cambridge University Press:  20 January 2017

Arnaud Macé*
Affiliation:
Université de Franche-ComtéEA 2274 Logiques de l’agir

Résumé

Le présent article avance l’idée qu’il existait en Grèce archaïque deux conceptions fondamentales du commun et que celles-ci gagnent à être explicitées à partir du contexte des pratiques distributives qui y avaient cours, comme celles qui président à la répartition des parts de butin après une expédition guerrière. C’est dans ce contexte qu’une distinction peut être faite entre le commun qui ne se distribue pas – la part qu’une communauté met à part avant de diviser les parts individuelles – et celui qui résulte au contraire de la façon dont on répartit les parts individuelles, par exemple en vertu d’une égalité qui devient, pour tous, synonyme de communauté du partage. On propose d’appeler ces deux formes « commun exclusif » et « commun inclusif », et d’en explorer les propriétés. On suit aussi les conséquences du fait que les anciens Grecs en soient venus à appliquer à la cité ellemême ce schéma distributif, en se représentant l’ordre politique comme le résultat d’une procédure de distribution des biens et des prérogatives : la dualité du commun exclusif et du commun inclusif devrait aussi se retrouver au sein de l’expérience et de la pensée politique des anciens Grecs, comme l’un de ses principes structurants.

Abstract

Abstract

This paper argues that there were two fundamental conceptions of common property in archaic Greece. This distinction is worth teasing from contemporary practices of distribution, such as the division of bounty between warriors after a military expedition. Within this context we can observe a difference between common property which is not distributed— the part that a community sets aside before portioning out individual shares—and a more abstract “common good” that results from the way in which the remainder is parceled out: for instance a division according to equal measures gives individuals the sense of belonging to a sharing community. Identifying these two forms as “exclusive commons” and “inclusive commons,” this article provides an analysis of their properties. It also outlines the consequences of the fact that ancient Greeks came to apply this distributive schema to the polis itself and to conceive its political structure as the result of a global distribution of goods and prerogatives. The duality outlined here should thus be understood as one of the core structuring principles of ancient Greek political practice and thought.

Type
Construire la communauté
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2014

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Footnotes

*

Je tiens a remercier les lecteurs anonymes qui ont permis a ce texte de progresser, ainsi que Vincent Azoulay, dont la lecture, riche en suggestions fecondes, a constitue un apport considerable, et Vincent Bourdeau qui a accompagne pas a pas mon initiation a la question des biens communs. Sauf indications contraires, les traductions des textes grecs sont les notres.

References

1 Voir le releve des objets designes comme communs par les anciens Grecs, d’Homere á Platon, dans Macé, Arnaud (dir.), Choses privées et chose publique en Grèce ancienne. Genèse et structure d’un système de classification, Grenoble, J. Millon, 2012, annexes, table 1, p. 463471.Google Scholar

2 Benveniste, Émile, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, vol. 1, Économie, parenté, société, Paris, Ed. de Minuit, 1969, p. 332.Google Scholar Voir aussi le tableau des derivations grecques du theme *swe défini comme « ipseite, rapport definitoire a la personne ellememe », dans Woerther, Frederique, L’éthos aristotélicien. Genèse d’une notion rhétorique, Paris, J. Vrin, 2007, p. 33;Google Scholar l’auteur s’y appuie sur les analyses de Petit, Daniel, *Sue- en grec ancien. La famille du pronom réfléchie : linguistique grecque et comparaison indo-européenne, Louvain, Peeters, 1999.Google Scholar

3 Voir David Sahlins, Marshall, Áge de pierre, a«ge d’abondance. L’économie des sociétés primitives, trad. par Jolas, T., Paris, Gallimard, [1972] 1976, chap. V, plus particulierement p. 240244.Google Scholar Comme le note M. Sahlins, ces pages doivent beaucoup a la description des societes melanesiennes par Bronisław Malinowski et au modele de «centricite «elabore par Karl Polanyi pour penser le type particulier de rassemblement et de redistribution propres aux cultures primitives : Malinowski, Bronisław, Les Argonautes du Pacifique occidental, trad. par Devyver, S. et Devyver, A., Paris, Gallimard, [1922] 1963 ;Google Scholar Polanyi, Karl, La Grande transformation. Aux origines économiques et politiques de notre temps, trad. par Malamoud, C. et Angeno, M., Paris, Gallimard, [1944] 1983, voir p. 7582.Google Scholar

4 Pour un bilan concernant l’usage en histoire ancienne de l’anthropologie consacree a ces relations symetriques, voir Azoulay, Vincent, «Du paradigme du don a une anthro pologie pragmatique de la valeur», in Payen, P. et Scheid-Tissinier, E. (dir.), Anthropologie de l’Antiquité. Anciens objets, nouvelles approches, Turnhout, Brepols, 2012, p. 1742.Google Scholar

5 Voir Borecky?, Bor?ivoj, Survivals of Some Tribal Ideas in Classical Greek: The Use and the Meaning of Lagchano?, Dateomai, and the Origin of Ison Echein, Ison Nemein, and Related Idioms, Prague, Univerzita Karlova, 1965.Google Scholar Nous pensons aussi a l’ensemble des etudes stimulees par Louis Gernet, Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne, dont les resultats seront discutes dans les pages qui suivent.

6 C’est precisement le propos de l’ouvrage de B. Borecky?, Survivals of Some Tribal Ideas in Classical Greek…, op. cit., que de montrer comment un certain nombre de categories de la pensee politique de l’age classique derivent de la description de ces pratiques archaiques de partage. Pour la meme application aux idees relatives au destin, voir Greene, William Chase, Moira: Fate, Good, and Evil, in Greek Thought, Cambridge,Harvard University Press, 1944.CrossRefGoogle Scholar

7 Homere, Iliade, respectivement I, 124-126 et XV, 187-193. Voir le chapitre consacre aux poemes homeriques par B. Borecky?, Survivals of Some Tribal Ideas in Classical Greek…, op. cit., p. 9-30, dans lequel il montre que plusieurs termes ont un usage specialise dans la description de ces pratiques, ainsi lagca«nω («j’obtiens par tirage au sort», p. 10-15) et («je divise en parts», p. 15-22) decrivent deux poles du meme processus, au sein duquel s’inserent par exemple au sens de la part resultant de ladivision, et («je distribue», p. 22-29).

8 Sur les roles respectifs de la communaute et du chef dans le processus de distribution, voir la synthese des debats par Ready, Jonathan L., «Toil and Trouble: The Acquisition of Spoils in the Iliad», Transactions of the American Philological Association, 1371, 2007, p. 343, en particulier p. 4-13.CrossRefGoogle Scholar

9 Homere, Iliade, I, 118 et 210. Nous revenons sur la signification de ce terme p. 669.

10 Homere, Iliade, I, 124-126 : Nous citons le grec de l’edition de Allen, T. W., Homere, Homeri Ilias, Oxford, Clarendon Press, [1931] 2000.Google Scholar

11 Les du chant I sont des biens ou du butin commun «non encore partage», selon Chantraine, Pierre, Dictionnaire étymologique de la langue grecque : histoire des mots, Paris, C. Klincksieck, 1980, v. , p. 768.Google Scholar Ils sont en cela compares aux armes offertes en recompense aux participants aux concours funeraires du chant XXIII, voir le v. 809 : . Emile Benveniste commente le passage du chant I en affirmant que le butin fait l’objet d’une «mise prealable en commun», Benveniste, Emile, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, vol. 2, Pouvoir, droit, religion, Paris, Ed. de Minuit, 1969, p. 44.Google Scholar

12 Detienne, Marcel, «En Grece archaique : geometrie, politique et societe», Annales ESC, 203, 1965, p. 425441,Google Scholar citation p. 431, n. 2. Ces propos sont repris dans Detienne, Marcel, Les maîtres de vérité dans la Grèce archaïque, Paris, Librairie generale francaise, 2006, p. 157,Google Scholar n. 3 ; Scheid-Tissinier, Evelyne, Les usages du don chez Homère. Vocabulaire et pratiques, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1994, p. 236 Google Scholar, s’appuie sur cette these, qu’elle trouve aussi chez Mele, Alfonso, Società e lavoro nei poemi omerici, Naples, Universita degli studi di Napoli. Istituto di storia e antichita greche e romane, 1968, p. 66.Google Scholar

13 Gernet, Louis, «Jeux et droit (remarques sur le XXIIIe chant de l’Iliade, Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 914, 1947, p. 572574.Google Scholar

14 Ibid., p. 573.

15 J.-P. Vernant a vu dans le motif geometrique du centre et des points equidistants de la circonference une structure commune a la representation de l’univers chez les presocratiques (en particulier chez Anaximandre) et de la cite concue dans le scheme egalitaire de l’isonomie : Vernant, Jean-Pierre, Les origines de la pensée grecque, Paris, PUF, 1962, p. 119130 ;Google Scholar Id., «Geometrie et astronomie spherique dans la premiere cosmologie grecque» [1963], in Vernant, J.-P., Mythe et pensée chez les Grecs. Études de psychologie historique, Paris, F. Maspero, 1966, p. 201215,Google Scholar particulierement p. 211 pour l’assimilation de la mise au centre, de la publicite et de la mise en commun. L’annee suivante, le livre de Leveque, Pierre et Vidal-Naquet, Pierre, Clisthène l’Athénien. Essai sur la représentation de l’espace et du temps dans la pensée politique grecque de la fin du VIe siècle à la mort de Platon, Paris, Les Belles Lettres, 1964,Google Scholar vient renforcer l’hypothese d’un lien entre idees cosmiques et idees politiques, ainsi que le compte rendu de J.-P. Vernant dans le no 20-3 des Annales ESC en temoigne : Jean-Pierre Vernant, «Espace et organisation politique en Grece ancienne» [1965], in J.-P. VERNANT, Mythe et pensée…, op. cit., p. 238-260. L’article de M. Detienne parait dans le meme numero des Annales et donne une ampleur nouvelle a la comparaison du motif geometrique du centre et de la mise au milieu. En 1968, c’est aussi en s’appuyant sur celui-ci que J.-P. Vernant affirme que «les expressions sont exactement synonymes de . Le meson, le milieu, definit donc, par opposition a ce qui est prive, particulier, le domaine du commun, du public, le xunon ?, Id., ? Structure geometrique et notions politiques dans la cosmologie d’Anaximandre ? [1968], in J.-P. Vernant, Mythe et pensée…, op. cit., p. 216-237, en particulier p. 217. Notre position est que ces correspondances entre idees geometriques et formes du commun sont plurivoques et multiples.

16 La distribution se doit, au nom de la justice, d’etre irrevocable, voir E. Scheidtissinier, Les usages du don chez Homère…, op. cit., p. 239. Cela ne signifie pas que l’on ne puisse pas reprendre, au risque de creer un sentiment d’injustice, comme Agamemnon va justement le faire.

17 Demosthene, Philippiques, I, 4-5, cite par M. Detienne, Les maîtres de vérité…, op. cit., p. 156.

18 Voir, par exemple, l’usage qu’en fait Herodote en restituant le discours de Leutychides au sujet des depots : il s’agit de l’homme de Milet qui voulait profiter de la vertu du spartiate Glaucos en lui laissant en depot la moitie de ses biens, laquelle, ? deposee aupres de toi, sera en securite () ?, Herodote, Histoires, ed. par P.-E. Legrand, Paris, Les Belles Lettres, 1932, VI, 86, 27-28.

19 Thomas, Yan, «La valeur des choses. Le droit romain hors la religion», Annales HSS, 576, 2002, p. 14311462, en particulier p. 1433.CrossRefGoogle Scholar

20 Ibid., p. 1435.

21 Voir le chapitre 6 du livre de Dardot, Pierre et Laval, Christian, Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle, Paris, La Decouverte, 2014 Google Scholar, consacre a une reappropriation contemporaine de la division romaine entre trois spheres, les choses publiques proprietes de l’Etat, les choses privees et les choses communes, destinees a un usage public. Il en decoule un programme en faveur du commun non etatique.

22 Homere, Iliade, XV, 187-193 : .

23 Comme il arrive souvent dans le cas des heritages, le pere n’est plus la – il a en l’occurrence ete «enseveli au-dessous de la terre et de la mer immense» au chant XIV, 203. Je remercie Marie-Laurence Desclos d’avoir attire mon attention sur le fait que Platon, dans le Gorgias, ed. par J. Burnet, Oxford, Clarendon, 1903, passe la theomachie sous silence en mentionnant simplement le fait que les trois freres ont recu le pouvoir de leur pere avant d’en faire le partage entre eux, 523a3-5 : ? comme le dit en effet Homere, Zeus, Poseidon et Pluton partagerent le pouvoir, apres l’avoir recu de leur pere ?. Avec suivi de la preposition para?, Platon ne suppose neanmoins rien de plus que le fait que les trois freres recoivent en heritage ce qui appartenait a leur pere, et le partage entre les freres correspond bien au tirage au sort qu’Homere evoque.

24 Perpillou, Jean-Louis, Recherches lexicales en grec ancien : étymologie, analogie, représentations, Louvain/Paris, Peeters, 1996, p. 176,Google Scholar a argumente contre l’idee qu’il faille prendre ici en un sens litteral. Nous suivons l’argument de Paul DEMONT, ? Lots heroiques : remarques sur le tirage au sort de l’Iliade aux Sept contre Thèbes d’Eschyle ?, Revue des études grecques, 113-2, 2000, p. 299-325, qui s’appuie sur l’analyse du formulaire homerique dans la premiere partie de son etude, ainsi que sur la comparaison avec la scene de division des parts de sacrifice entre les douze principaux dieux par Hermes dans l’Hymne à Hermès, v. 127-129.

25 B. Borecky?, Survivals of Some Tribal Ideas in Classical Greek…, op. cit., p. 13. Voir aussi les analyses d’E. Benveniste, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, vol. 2, op. cit., en particulier p. 52 sur la difference entre le , privilege octroye par les hommes, et la octroyee par le sort, comme la .

26 Homere, Iliade, XV, respectivement 186 et 209.

27 Hesiode, Théogonie, ed. par M. Litchfield, Oxford, Clarendon Press, 1966, 412-413 : .

28 Hesiode, Théogonie, 423-425 : .

29 Voir le passage du Gorgias de Platon precedemment cite, 523a3-5.

30 Vernant, Jean-Pierre, «A la table des hommes. Mythe de fondation du sacrifice chez Hesiode», in Detienne, M. et Vernant, J.-P. (dir.), La cuisine du sacrifice en pays grec, Paris, Gallimard, 1979, p. 37132, en particulier p. 46-50.Google Scholar

31 Sur le sens general du terme dans les poemes homeriques et la necessite de le dissocier de la fausse etymologie qui le lierait a l’idee de vieillesse, voir E. Benveniste, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, vol. 2, op. cit., p. 43-49.

32 B.Borecky?, Survivals of Some Tribal Ideas in Classical Greek…, op. cit., p. 22-23, releve la persistance de l’usage a Sparte et dans les pratiques militaires de l’epoque classique ; E. Scheid-Tissinier, Les usages du don chez Homère…, op. cit., p. 236, distingue les deux phases : l’ attribution des parts d’honneur et la division et distribution des parts au sens strict. Pour un schema a cinq phases, voir van Wees, Hans, Status Warriors: War, Violence, and Society in Homer and History, Amsterdam, J. C. Gieben, 1992, p. 304 :Google Scholar le butin est rassemble ; le chef le plus haut place preleve sa part d’honneur ; il donne des parts d’honneur a ceux qui doivent etre distingues ; il decoupe des portions qu’il repartit entre les chefs ; les chefs divisent ces portions entre leurs hommes. Sur la distinction entre les parts issues de la division et les privileges, voir l’analyse du partage d’Hermes dans l’Hymne homérique et le developpement sur la dimension humaine du (privilege reconnu par les hommes) par opposition a ce qui est octroye par le sort, par E. Benveniste, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, vol. 2, op. cit., p. 47-48.

33 Nous verrons des exemples d’une telle mise a part, celle d’un domaine (cas du partage de Demonax et de Maiandros), p. 678-679.

34 Sur la viande comme des rois homeriques, voir Carlier, Pierre, La royauté en Grèce avant Alexandre, Strasbourg, Association pour l’etude de la civilisation romaine, 1984, p. 151157 ;Google Scholar sur le fait que les parts de viande offertes aux dieux seraient concues sur le meme modele que la part d’honneur, voir Ekroth, Gunnel, «Meat for the Gods», in Pirenne-Delforge, V. et Prescendi, F. (dir.), Nourrir les Dieux ? Sacrifice et représentation du divin, Liege, Centre international d’etude de la religion grecque antique, 2011, p. 1541,Google Scholar en particulier p. 28-33. Concernant la mise a part de certaines pieces, l’archeologie revele que l’on retrouve rarement les epaules parmi les os brules sur les autels, par consequent cette partie de l’animal ne pouvait faire partie des lots distribues : voir Naiden, Fred S., «Blessed are the Parasites», in Faraone, C. A. et Naiden, F. S. (dir.), Greek and Roman Animal Sacrifice: Ancient Victims, Modern Observers, Cambridge, Cambridge University Press, 2012, p. 5583, en particulier p. 61-64.CrossRefGoogle Scholar

35 Homere, Odyssée, ed. par P. von der Muhll, Bale, Helbing und Lichtenhalm, 1962, XIV, 231-233 : .

36 Homere, Odyssée, VII, 10-11 : . Voir aussi Iliade, XI, 627.

37 Homere, Iliade, XVI, 56 : .

38 Homere, Iliade, IX, 365-369 : .

39 Les Troyennes, v. 32-34, Euripide, Fabulae, Oxford, Clarendon Press, 1981.

40 Homere, Odyssée, IX, 157 et 159-160.

41 Y. Thomas, «La valeur des choses… ?, art. cit., p. 1435.

42 Deux exemples de ces approches : Betzig, Laura L. et Turke, Paul W., «Food Sharing on Ifaluk», Current Anthropology, 274, 1986, p. 397400 ;CrossRefGoogle Scholar Bliege Bird, Rebecca L. et Bird, Douglas W., «Delayed Reciprocity and Tolerated Theft: The Behavioral Ecology of Food-Sharing Strategies», Current Anthropology, 381, 1997, p. 4978.CrossRefGoogle Scholar

43 Voir la critique de Bell, Duran, «On the Nature of Sharing: Beyond the Range of Methodological Individualism», Current Anthropology, 365, 1995, p. 826830.CrossRefGoogle Scholar La critique de l’application du choix rationnel des economistes a l’ethnographie a deja ete avancee avec vigueur par B. Malinowski, Les Argonautes du Pacifique occidental, op. cit., p. 117-118.

44 Samuelson, Paul A., «The Pure Theory of Public Expenditure», The Review of Economics and Statistics, 364, 1954, p. 387389.CrossRefGoogle Scholar

45 P. A. Samuelson definit en effet les «biens de consommation privee» comme pouvant etre morceles entre differents individus (” parcelled out among different individuals ») et leur oppose les «biens de consommation collective», que tous peuvent consommer au sens ou «la consommation par chaque individu d’un tel bien ne conduit a aucune soustraction a la consommation de ce bien par un autre individu quel qu’il soit», ibid., p. 387. Dans ces conditions, la divisibilite (la possibilite d’un morcellement) est directement opposee a la non-rivalite (le fait que la consommation des uns ne retire rien a celle des autres) : les biens divisibles sont les biens rivaux et c’est la non-divisibilite qui fait la non-rivalite. Sur la tendance a l’assimilation de la non-rivalite et de l’indivisibilite dans la litterature economique, voir Touffut, Jean-Philippe et Gazier, Bernard, «Introduction. Bien public, bien social», in Touffut, J.-P. (dir.), L’avancée des biens publics. Politique de l’intérêt général et mondialisation, Paris, Albin Michel, 2006, p. 922, en particulier n. 2, p. 9.Google Scholar

46 C’est, selon Inge Kaul, un «bien prive pur» : assurement rival et tres facile a cerner de barrieres. Voir Inge Kaul, ?Une analyse positive des biens publics ?, in J.-P. Touffut (dir.), L’avancée des biens publics…, op. cit., p. 28.

47 Hesiode, Théogonie, 117 : .

48 Voir Hesiode, Théogonie, 618-620 et 717-720. Voir le debut du chant VIII de l’Iliade, ou Zeus promet d’envoyer les resquilleurs tres loin sous la terre, au meme endroit (v. 14-16).

49 Cette description fameuse est introduite par Hardin, Garrett, «The Tragedy of the Commons», Science, 1623859, 1968, p. 12431248.Google Scholar

50 Nous avons trouve cette insistance sur le poids de cette decision de mettre a part dans les analyses consacrees par Yan Thomas au droit romain, avec les nuances que nous avons dites. Voir la encore l’insistance sur ce point du chapitre 6 de P. Dardot et C. Laval, Commun…, op. cit.

51 Hesiode, Les travaux et les jours, 722-723, trad. de C. Hunzinger, in A. Mace (dir.), Choses privées et chose publique en Grèce ancienne, op. cit., Hesiode C9, ed. par M.-L. West : .

52 Descat, Raymond, «Public et prive dans l’economie de la cite grecque», in Pantel, P. Schmitt et de Polignac, F. (dir.), Public et privé en Grèce ancienne : lieux, conduites, pratiques, Strasbourg, Centre de recherches sur le Proche-Orient et la Grece antiques, 1998, p. 229241, ici p. 234-235.Google Scholar L’auteur se refere a Schmitt Pantel, Pauline, La cité au banquet. Histoire des repas publics dans les cités grecques, Rome, Ecole francaise de Rome, 1992, p. 109,Google Scholar mais on ne trouve a cette page aucune reference precise a la question des frais communs dans les banquets. Ce passage d’Hesiode est absent de l’index.

53 Pour le parallelisme et la concurrence des termes voir les references donnees par P. Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque…, op. cit., p. 768.

54 Voyez l’usage de e chez Herodote, Histoires, IX, 87, 7, et en general la table 3 dans A. Mace (dir.), Choses privées et chose publique en Grèce ancienne…, op. cit., p. 473.

55 De maniere generale, sur l’opposition des cadres prives et publics en Grece ancienne, voir P. Schmitt PANTEL et F. de Polignac (dir.), Public et privé en Grèce ancienne…, op. cit. ; Veronique Dasen et Marcel Pierart (dir.), . Les cadres « privés » et « publics » de la religion grecque antique, Liege, Centre international d’etude de la religion grecque antique, 2005 ; A. Mace (dir.), Choses privées et chose publique en Grèce ancienne…, op. cit.

56 Alain Bresson, «Prosodoi publics, Prosodoi prives : le paradoxe de l’economie civique», in P. Schmitt Pantel et F. de Polignac (dir.), Public et privé en Grèce ancienne…, op. cit., p. 243-262.

57 Herodote, Histoires, I, 170, 13-16.

58 Sur le fait qu’Herodote emploie la notion de deme comme subdivision d’une cite unique d’une maniere qui marque une facon de penser posterieure a la reforme de Clisthene, voir P. Leveque et P. Vidal-Naquet, Clisthène l’Athénien…, op. cit., p. 66.

59 En faveur de cette liaison entre le motif du centre et la valeur d’egalite, voir J.-P. Vernant, Les origines de la pensée grecque…, op. cit., p. 128 et M. Detienne, Les maîtres de vérité…, op. cit., p. 174.

60 Si cette analyse semble corroborer l’idee defendue par J.-P. Vernant et M. Detienne selon laquelle le centre, dans sa version geometrique, propose un scheme a la mise en commun constitutive de la cite, elle en differe sur un point essentiel : le commun evoque ici ne correspond pas a l’ensemble des choses que l’on «met au milieu» pour les distribuer. Nous commencons a pressentir ainsi que les schemes geometriques sont trop ambigus pour servir de fondement a une description stable des pratiques anciennes.

61 Solon, , fr. 4, 11, Iambi e elegi graeci ante Alexandrum cantati, ed. par West, M.-L., Oxford, Clarendon Press, 1971 Google Scholar :.

62 Voir sur ce point les analyses de Rousset, Denis, «Sacred Property and Public Property in the Greek City», The Journal of Hellenic Studies, 133, 2013, p. 113133,CrossRefGoogle Scholar contre l’opposition, a ses yeux trop tranchee, defendue par Papazarkadas, Nikolaos, Sacred and Public Land in Ancient Athens, Oxford, Oxford University Press, 2011.CrossRefGoogle Scholar

63 Herodote, Histoires, I, 170, 5.

64 Herodote, Histoires, IV, 161, 12-14 : . Voir Francois CHAMOUX, ? Cyrene sous la monarchie des Battiades ?, Paris, E. de Boccard, 1952.

65 E. Scheid-Tissinier, Les usages du don chez Homère…, op. cit., p. 229-230.

66 Il peut s’agir du culte au fondateur de la colonie, son grand-pere Battos. Sur la question des cultes aux fondateurs de colonies, et en particulier sur Battos, sa tombe et sa localisation, voir Malkin, Irad, Religion and the Founders of Greek Colonies, Ann Arbor, University Microfilms International, 1981, p. 371393.Google Scholar

67 Voir la presentation par E. Scheid-Tissinier des positions de M. Finley sur l’existence de terres communes sur lesquelles on pouvait prelever de nouvelles proprietes et leur critique, E. Scheid-Tissinier, Les usages du don chez Homère…, op. cit., p. 230-231.

68 Voir la presentation par E. Scheid-Tissinier des theses de Walter Donlan sur ce point, ibid., p. 231-233, et la discussion serree de Link, Stefan, «‘Temenos’ und ‘ager publicus’ bei Homer», Historia. Zeitschrift für Alte Geschichte, 432, 1994, p. 241245.Google Scholar

69 Sur cette mise au milieu en tant qu’elle ouvre le droit a un partage egal de la vie publique, voir P. Leveque et P. Vidal-Naquet, Clisthène l’Athénien…, op. cit., p. 31, et M. Detienne, Les maîtres de vérité…, op. cit., p. 171-173.

70 Herodote, Histoires, III, 142, 12 : .

71 Herodote, Histoires, III, 142, 14-15 : .

72 Herodote, Histoires, III, 142, 15-16 : .

73 J.-P. Vernant, «Espace et organisation politique en Grece ancienne», art. cit., p. 247.

74 C’est la encore la conclusion de B. Borecky?, Survivals of Some Tribal Ideas in Classical Greek…, op. cit.

75 Pour ce qui est des banquets, le modele binaire, avec distribution des parts d’honneur et distribution egale entre tous les autres, a ete decrit notamment dans M. Detienne et J.-P. Vernant, La cuisine du sacrifice…, op. cit. On verra neanmoins les recentes critiques de F. Naiden sur le fait qu’il est possible que la seconde procedure, de distribution, n’ait en realite concerne la aussi que les assistants du pretre (parasitoi) et des personnalites a distinguer dans l’assemblee, voir F. S. Naiden, «Blessed are the Parasites», art. cit., en particulier p. 75-83. Voir aussi le role de la «delegation de responsabilite» dans les sacrifices : ceux qui l’accomplissent le font pour tous et en leur nom, Naiden, Fred S., Smoke Signals for the Gods: Ancient Greek Sacrifice from the Archaic through Roman Periods, Oxford, Oxford University Press, 2013, p. 185201.Google Scholar Les officiants recevaient en recompense certaines parts, voir p. 201-209.

76 Herodote, Histoires, VII, 152, 6-10 : .

77 Cette interpretation est defendue par M. Detienne, Les maîtres de vérité…, op. cit., p. 163-163.

78 Homere, Iliade, XXIII, 809 : .

79 Homere, Iliade, XXIII, 823 : .

80 Homere, Iliade, XVI, 259-265 : .

81 Tyrtee, fr. XII, 15, Iambi e elegi graeci ante Alexandrum cantati, ed. par M. Litchfield West, Oxford, Clarendon Press, 1971 : .

82 Heraclite, Die Fragmente der Vorsokratiker : griechisch und deutsch (ci-apres DK), ed. par H. Diels et W. Kranz, Berlin, Weidmann, 1951, fr. 22 B 113 : . La citation continue avec le texte que H. Diels place en fr. 114.

83 Nous ne suivons donc pas l’interpretation de Gigon, reprise par Kurt von Fritz, selon laquelle le vers signifierait : «c’est la meme chose pour tous que de penser» : Olof Gigon, Untersuchungen zu Heraklit, Leipzig, Dieterisch, 1955, p. 16 et von Fritz, Kurt, «Nous, Noein, and Their Derivatives in Pre-Socratic Philosophy (Excluding Anaxagoras): Part I. From the Beginnings to Parmenides», Classical Philology, 404, 1945, p. 223242, ici p. 233.CrossRefGoogle Scholar

84 Heraclite, DK 22 B 116: .

85 Parmenide, DK 28 B 16: .

86 Xenophon, Économique, ed. par E. C. Marchant, Oxford, Clarendon Press, 1921, XXI, 5, 4-5 : .

87 Joseph Stiglitz, «L’organisation politique du monde permet-elle de servir l’interet general de la planete» ?, in J.-P. TOUFFUT (dir.), L’avancée des biens publics…, op. cit., p. 181-202, en particulier p. 184-185.

88 David Bouvier, «Les poemes homeriques», in A. Mace (dir.), Choses privées et chose publique en Grèce ancienne…, op. cit., p. 41-73, en particulier p. 45.

89 Christine Hunzinger, «Le corpus hesiodique», in A. MACE (dir.), Choses privées et chose publique en Grèce ancienne…, op. cit., p. 75-116, ici p. 78, en reference au texte Hes. A12 et a Hes. A13.

90 Democrite, DK 68 B 282: , trad. de O. Renaut legerement modifiee, in A. MACE (dir.), Choses privées et chose publique en Grèce ancienne…, op. cit., Presocratiques D10.

91 Democrite, DK 68 B 293: .

92 Platon, Lois, VI, 779a8-b7, citation b1-b4.

93 Callinos, fr. 1, 6-9, voir la traduction de N. Le Meur, in A. MACE (dir.), Choses privées et chose publique en Grèce ancienne…, op. cit., p. 122, Lyrique B1.

94 Wersinger, Anne-Gabriele, La sphère et l’intervalle. Le schème de l’harmonie dans la pensée des anciens Grecs d’Homère à Platon, Grenoble, J. Millon, 2008.Google Scholar L’auteur suit l’epanouissement des deux schemes de pensee de la circularite d’Homere a Platon, explorant ainsi deux formes de pensee mathematique primitive, irriguant l’une et l’autre la culture archaique, l’une cherchant l’harmonie des unites heterogenes, l’autre travaillant a creer l’art de la mesure qui rend homogene cela meme qu’elle mesure. Voir aussi le compte rendu d’ Mace, Arnaud dans Les études platoniciennes, 6, 2009, p. 206216.Google Scholar