SI DAN ER

HENRI LE


L est sans doute le plus sub-
til des peintres de sa géné-
ration : impressionniste de
la pénombre, et avant tout
musicien dans son art.
Henri Le Sidaner arrive
aujourd'hui à la vraie gloire, c'est-à-dire
à l'estime raisonnée de tous ceux qui
comprennent l'art et l'aiment avec clair-
voyance, et il la mérite un
peu malgré lui, sa modestie
presque peureuse ayant tout
fait pour s'enfermer dans
«l'art en silence H. Il est un
des rares hommes dont nous
cherchions l'œuvre en en-
trant dans les Salons, avec
la certitude de trouver de
belles choses et de nourrir
nos âmes d'une émotion
nouvelle. Sa carrière est
longue déjà, depuis le temps
lointain où des toiles comme
la L?é72&f?'cD'o7z ùe /<3 772 e7' ou
la LœzV/e /Ù772772e &?72.y 2277
ve7^e7' e77 y?a227*^ révélaient
dans la cohue disparate des
Salons un vrai et méditatif
artiste. L'exposition faite à
la galerie Mancini en 1806
réunissait à ces œuvres une
série de nocturnes, d'effets
de neige, de jardins et de
ruelles sous la lune — et
déjà l'on pouvait pressentir
ce qu'allait devenir Le Si-
daner. Déjà s'y affirmait cette
vision d'un créole d'origine
bretonne, unissant la mor-
bidesse et la nostalgie des
contrées chaleureuses aux
mélancolies métaphysiques
de l'Occident. L'année sui-
vante, Le Sidaner partait
pour Bruges — et je puis
dire un peu sur le conseil
de mon amitié ; durant mes
séjours dans la ville adorable,
souvent qu'il lui manquait son

précédents
je songeais
Rodenbach

du pinceau, et à mes yeux ce devait être
Le Sidaner, puisque Xavier Mellery ne
continuait plus à peindre là, malgré ses
belles études antérieures, et puisque d'au-
tres, habiles, allaient à Bruges « chercher
des motifs )> sans dépasser le pittoresque
extérieur, sans pressentir ce qu'il y avait
d'âme éperdument mystique et intense der-
rière les murs. Le Sidaner, nature d'artiste

La* AzzeLe
infiniment sensible, âme ouverte à la sym-
phonie, au lied, aux poèmes naïvement
raffinés, peintre étonnamment compréhensif

4'

6