Elsevier

L'Encéphale

Volume 34, Issue 2, April 2008, Pages 183-186
L'Encéphale

Psychogériatrie
Le soutien psychologique assisté par l’animal à des personnes atteintes de pathologies démentielles sévèresAnimal-assisted therapy for people suffering from severe dementia

https://doi.org/10.1016/j.encep.2007.01.006Get rights and content

Résumé

Cette étude exploratoire porte sur l’introduction d’un chien d’assistance en maison de retraite et sur son utilisation dans le soutien psychologique de personnes atteintes de pathologies démentielles à des stades évolués. Elle propose la mise en place de trois suivis psychothérapiques en présence d’un chien d’assistance dans un cadre de prise en charge globale au sein de l’institution. Cette étude met en évidence que la présence du chien facilite la communication et contribue à sécuriser l’environnement lors des séances thérapeutiques. En tant qu’être vivant, le chien devient un vecteur favorisant l’émergence des affects et la relance de l’activité psychique. Ce travail vise à rendre compte de la manière dont nous pouvons saisir ce que l’animal mobilise chez la personne âgée démente pour l’utiliser dans une dimension relationnelle et thérapeutique.

Summary

Introduction

The elderly represent the fastest growing population group in France. The care management of people suffering from dementia has become an important problem. Demented patients manifest behavioral problems, depression, apathy, impairment in social activities and language skill disorders. The literature contains few studies investigating animal-assisted therapy for demented patients. However, there is a clear need for psychological assistance for this population. In the management of such behavioural problems associated with dementia, we propose to develop a dog-assisted therapy. Three qualitative case studies are analysed to specify the perceptions of the therapist regarding animal-assisted therapy.

Subjects and methodology

This study is a qualitative pilot study. Subjects were two female and one male patients admitted in a nursing home. They were diagnosed with severe dementia. Their mean age was 94 years. All of them agreed to attend the dog therapy activities and informed consent from their family was requested. We met these patients 15 times over nine months. The meetings always took place in the same place for 30 min, once a week. The evaluation was based on the clinical observations of the psychologist.

Results

This study revealed many psychological benefits for patients with dementia. The animal-assisted therapy had a calming effect on the patients. It could well be helpful as a communication link during therapy sessions. The dog, because of its unconditional acceptance, increases the self-esteem of the patient and contributes to a more secure environment. The patients, who rarely interacted socially, increased their interactions with the dog. In spite of the lack of normal verbal use of language, nonverbal communication continues including touching and posture. Furthermore, patients verbalized that the dog was affectionate and they could identify themselves with it.

Conclusions

This prospective study leads up to the conclusion that pet therapy could prove to be efficient. We conducted animal-assisted therapy sessions for patients with severe dementia and found that psychological assistance could be flexible enough, to meet the special needs of institutionalized persons suffering from dementia. The pet therapy programs may provide help for many patients, but the framework and conditions of this practice should be clearly defined, until the dog itself, can become the therapist.

Introduction

L’augmentation constante de la prévalence de la maladie d’Alzheimer (ou des syndromes apparentés), le coût de sa prise en charge font de cette pathologie un enjeu de santé publique. Le nombre de malades en constante augmentation du fait de l’allongement de l’espérance de vie et du diagnostic précoce de ces affections implique une demande de soin croissante. Cette croissance et l’évolution déficitaire de ces pathologies conduisent à s’interroger sur des propositions de prises en charge innovantes. Ces dernières années, de nombreuses initiatives [10] se sont développées grâce à la créativité des soignants et nous assistons à l’émergence de nouvelles approches à des fins préventives et thérapeutiques. Les thérapies assistées par un animal (TAA) en font partie [12]. L’étude présentée ci-dessous rapporte les conclusions d’un travail exploratoire à partir de trois études de cas. Nous souhaitons étudier, à partir de l’observation clinique de sujets atteints de pathologie démentielle à un stade évolué, les mouvements de l’appareil psychique au cours d’un suivi psychothérapique en présence d’un chien d’assistance. La nature de cette étude s’inscrit dans une optique thérapeutique, selon un axe de compréhension psychanalytique. Notre but étant de partager nos observations et nos questionnements sur cette pratique, tout en nous référant à des concepts théoriques couramment développés dans le champ de la clinique démentielle.

Section snippets

Méthode

Il s’agit d’une étude qualitative réalisée à partir de l’observation de trois sujets. Nous reconnaissons la faiblesse du nombre de cas étudiés, cependant l’analyse de ces suivis contribue largement à nourrir notre réflexion sur le sujet et à rendre compte des processus psychiques en jeu. Les personnes suivies lors de cette étude sont deux femmes et un homme, âgés de plus de 90 ans et vivant en institution. Ils sont en situation de dépendance physique et psychique. Ils présentent une involution

Résultats

L’analyse des entretiens réalisés en présence du chien auprès de trois résidents atteints de démence évoluée nous apporte un certain nombre d’éléments de compréhension sur les mouvements psychiques mobilisés dans la relation patient–chien–stagiaire psychologue. En premier lieu, les entretiens semblent avoir été très appréciés par les résidents eux-mêmes, leur apportant le plaisir de pouvoir investir un lien avec l’étudiante et d’éprouver des échanges multiples avec le chien. L’observation

Conclusion

Ces observations issues d’une pratique concernant le suivi psychothérapique en présence d’un chien d’assistance auprès de trois patients témoignent d’une possibilité de soins aux personnes démentes, reconnaissant la souffrance des sujets et la permanence de leur subjectivité au sein de cette pathologie. Par notre travail de verbalisation, nous avons reconnu l’existence de cette vie intérieure des sujets et nous avons mis du sens sur ce qui en émergeait [7].

Cette pratique nous a permis de créer

References (12)

  • J. Bléger

    Psychanalyse du cadre psychanalytique. Crise, rupture et dépassement.

    (1979)
  • Fossier-Varney N. À fleur de chien, rencontre avec le sujet… ?, À fleur de peau, enveloppe, contenance et...
  • M. Grosclaude

    À propos de la persistance de l’humain : du langage et du corps dans la psychothérapie

    Rev Fr Psychiatr Psychol Méd

    (1998)
  • Grosclaude M. Le statut de l’affect dans la psychothérapie des démences. In: Psychothérapies des démences. Quels...
  • M. Grosclaude

    Principes d’une psychothérapie des démences et question de la parole : pourquoi une psychothérapie est possible ?

    Psychol Méd

    (1995)
  • M. Myslinski

    L’écoute étayante ou la lutte contre la désobjectalisation

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    (1995)
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Cited by (26)

  • Animal-assisted interventions for elderly patients affected by dementia or psychiatric disorders: A review

    2013, Journal of Psychiatric Research
    Citation Excerpt :

    Lastly, the presentation of both live and toy cats can be a confounding factor (Greer et al., 2001), and only one study had randomized the order of presentation. The studies were frequently limited by small sample size (Kanamori et al., 2001; Tribet et al., 2008) which can, of course, reduce statistical power for detecting statistically significant associations. In addition to sample size, lack of homogeneity in the study samples also confounded the results.

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