Elsevier

EMC - Médecine

Volume 1, Issue 1, February 2004, Pages 70-79
EMC - Médecine

Intoxications par les champignons : principaux syndromes et traitementMushroom poisoning: syndromes and treatment

https://doi.org/10.1016/j.emcmed.2003.10.002Get rights and content

Résumé

Les différents syndromes engendrés par l’ingestion de champignons toxiques sont décrits, avec notamment une présentation des espèces en cause, de leurs toxines, des symptômes ainsi que de la prise en charge thérapeutique. De nouveaux syndromes apparus durant la dernière décennie sont présentés : insuffisance rénale après consommation d’Amanita proxima d’apparition plus précoce que celle observée au cours du syndrome orellanien, érythermalgie avec Clitocybe amoenolens, rhabdomyolyse avec Tricholoma equestre, atteinte neurologique centrale avec Hapalopilus rutilans. Le diagnostic d’une intoxication par champignons repose sur une bonne connaissance des signes cliniques et de leurs délais d’apparition. Le pronostic est rarement défavorable, sauf en cas d’ingestion d’espèces renfermant des amatoxines qui sont hépatotoxiques.

Abstract

Mushroom poisoning syndromes are described with a presentation of the species, their toxins, the symptoms and the treatment. Some new mushroom poisoning syndromes have appeared in this last decade and are here described : acute renal failure with short onset with Amanita proxima, erythermalgia with Clitocybe amoenolens, rhabdomyolysis with Tricholoma equestre and central nervous system failure with Hapalopilus rutilans. The diagnosis of mushroom poisoning need a good knowledge of clinical symptoms and especially of the delay between mushroom ingestion and the first complaints. The prognostic is generally good except in cases of ingestion of species containing amatoxins wich are hepatotoxic.

Introduction

Les intoxications par champignons sont responsables chaque année d'un nombre non négligeable d’appels aux centres antipoison (CAP) et (ou) d'hospitalisations.56 En 1998, les CAP français ont enregistré 1 675 appels pour intoxications par champignons, et l’auteur de cet article estime l’incidence annuelle en France à 8-10 000.33 Ces intoxications sont dues, le plus souvent, à une confusion avec des espèces comestibles ou à l'utilisation de notions empiriques ou traditionnelles de reconnaissance.

Bien qu'il n'existe en Europe qu'une cinquantaine d'espèces toxiques, les intoxications sont fréquentes, et parfois graves. Il s'agit souvent d'intoxications collectives, survenant principalement de juillet à octobre, et dont le pronostic est fonction du champignon responsable.

On distingue différents types d'intoxications,28., 55., 65. classés d'après des symptômes qui vont permettre, a posteriori dans la plupart des cas, l'identification du champignon vénéneux confondu avec un champignon comestible. Cette dernière décennie a été marquée par l’émergence de nouveaux syndromes et par la découverte de nouvelles espèces toxiques.52., 58.

La durée d'incubation entre l'ingestion des champignons et l'apparition des premiers troubles permet de distinguer deux grandes catégories d'intoxications (Fig. 1 ) :17., 8.

  • celles à durée d'incubation longue (supérieure à 6 heures) potentiellement graves et nécessitant une prise en charge en milieu de réanimation ;

  • celles à durée d'incubation courte (1/2 heure à 3 heures), de pronostic généralement favorable. De très rares cas d'intoxications graves, parfois mortelles ont été rapportés. 5., 6., 23., 39., 47.

Néanmoins, cette règle peut être prise en défaut dans deux situations : lors de la consommation de champignons à plusieurs repas successifs, ou lors de la consommation de mélanges d’espèces (une espèce à « délai court » pouvant masquer l’espèce à « délai long »).

Section snippets

Syndromes à durée d'incubation longue

Il s'agit d'intoxications généralement graves, en rapport principalement avec un syndrome phalloïdien, plus rarement avec un syndrome gyromitrien ou orellanien, ou encore avec un nouveau syndrome identifié durant cette dernière décennie, à savoir : syndrome proximien, syndrome acromélalgien ou rhabdomyolyse.

Syndromes à durée d'incubation courte

Ils représentent en France trois quarts des intoxications aiguës par champignons.

Conclusion

La survenue de troubles digestifs au décours d'un repas de champignons doit faire suspecter une intoxication dont la gravité est fonction de la durée de la période de latence. Toute intoxication à période de latence longue (supérieure ou égale à 6 heures), doit être considérée, jusqu'à preuve du contraire, comme une intoxication grave, et imposer l'hospitalisation du patient ainsi que de tous les convives ayant partagé le même repas.

Lorsque la période de latence est courte, qu'il n'existe ni

Remerciements

pour les documents photographiques à Monsieur Augst Jean-Pierre, secrétaire de la Société Mycologique de Strasbourg ; Siège : Centre social et culturel de Hautepierre, 27 boulevard Victor-Hugo, 67200 Strasbourg.

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