Article originalTraitement des ridules de la lèvre supérieure par graisse émulsifiée ou « Nanofat » : étude biologique et clinique à propos de 4 casTreatment of wrinkles of the upper lip by emulsified fat or “Nanofat”: Biological and clinical study about 4 cases
Introduction
L’utilisation du tissu adipeux en chirurgie plastique a été décrite la première fois par Neuber en 1893 [1] et standardisée par Sydney Coleman en 1995 [2], [3], [4]. C’est aujourd’hui la technique de comblement de volume de référence. La maîtrise du prélèvement atraumatique de tissu adipeux a permis la découverte des cellules régénératrices, et plus particulièrement des souches mésenchymateuses (CSM) [5], présentent en quantité bien supérieure dans la graisse par rapport à la moelle osseuse. L’utilisation clinique de ces CSM et de la fraction vasculaire stromale (FVS) du tissu adipeux a montré son intérêt dans la régénération des tissus [6], [7]. Cependant ces produits de « thérapie cellulaire » doivent répondre dans beaucoup de pays à des contraintes réglementaires, limitant leur utilisation à un nombre réduit d’équipes de recherche.
Par ailleurs, le développement de canules permettant le prélèvement de « micro » lobules adipeux [8], [9] a permis de donner au lipofilling la finesse nécessaire à son utilisation en chirurgie faciale. Plus récemment, Tonnard et al. ont décrit une technique manuelle permettant l’obtention de graisse émulsifiée ou « nanofat » à partir d’un prélèvement de micro-graisse [10]. Selon les auteurs, cette graisse émulsifiée ne contiendrait plus d’adipocyte viable mais seulement les cellules régénératrices de la graisse. La suspension ainsi obtenue est liquide. Elle peut être réinjectée dans le derme au travers d’aiguilles de petits diamètres (27 à 30 gauges) pour traiter les ridules du visage. D’un point de vue fondamental, la graisse émulsifiée pourrait être une solution simple de production de cellules régénératrices directement au bloc opératoire et à faible coût [11], [12]. Cela permettrait de développer son usage à l’ensemble des équipes de chirurgie plastique [13], [14], [15]. Le terme « graisse émulsifiée », scientifiquement plus exact que « nanofat », sera utilisé dans la suite de l’article [10], [16].
L’objectif de notre étude, réalisée en collaboration avec le laboratoire universitaire de thérapie cellulaire, était de caractériser la composition biologique de la graisse émulsifiée, et d’étudier l’efficacité clinique de son injection intradermique dans les ridules périorales de la lèvre supérieure chez quatre patientes.
Section snippets
Patientes
Quatre patientes ont consulté dans notre service pour une demande d’amélioration de leurs ridules péri buccales. Ces patientes ont été opérées en avril 2016 après information et signature d’un consentement écrit selon les recommandations du comité d’éthique de notre établissement. Ces patientes étaient âgées de 50 à 59 ans, ne présentaient aucun antécédent médical, n’avaient pas de traitement, ni d’antécédent d’injections d’acide hyaluronique, de toxine botulique ou d’autres produits de
Analyse biologique de la graisse émulsifiée
Le volume moyen de graisse émulsifiée préparée était de 15 ± 0,82 cm3 par patient pour 20 cm3 de graisse prélevée après décantation. Le volume moyen de graisse émulsifiée nécessaire au traitement de la lèvre supérieure pour chaque patiente était de 4 ± 0,82 cm3.
Une analyse de 7 mL de reliquat de graisse émulsifiée a été réalisée pour chaque patiente au laboratoire de thérapie cellulaire. Après extraction de la FVS, le nombre moyen de cellules nucléées viables retrouvé par cm3 de graisse émulsifiée
Discussion
Le tissu adipeux est constitué de 40 à 60 % d’adipocytes matures, de matrice extra cellulaire et d’un nombre important de micro vaisseaux. La digestion de la matrice extracellulaire par de la collagénase suivie d’une centrifugation différentielle permet de séparer les adipocytes des autres cellules présentes dans la graisse regroupées sous le terme FVS [6], [18]. On y distingue classiquement les cellules hématopoïétiques de l’ensemble des autres cellules dites « régénératives » (progéniteurs
Conclusion
Dans le futur, la graisse émulsifiée pourrait être un produit intéressant à proposer en complément des fillers utilisés actuellement en chirurgie esthétique du visage. Cependant, l’absence de consensus sur la technique de préparation, le manque de compréhension des mécanismes d’actions, la complexité de la législation actuelle, ainsi que l’absence d’essais cliniques efficaces sont responsables d’une utilisation encore exceptionnelle de la graisse émulsifiée par les chirurgiens plasticiens
Déclaration de liens d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Remerciements
Remerciements à la fondation des gueules cassées (2015) et à Corios (Kit Planas, Milan, Italie).
Références (24)
Structural fat grafts: the ideal filler?
Clin Plast Surg
(2001)Facial recontouring with lipostructure
Clin Plast Surg
(1997)[Midface reshaping with micro-fat grafting]
Ann Chir Plast Esthet
(2009)- et al.
Development of micro-injection as an innovative autologous fat graft technique: the use of adipose tissue as dermal filler
J Plast Reconstr Aesthetic Surg
(2012) - et al.
[Adipose-derived stromal cells: history, isolation, immunomodulatory properties and clinical perspectives]
Ann Chir Plast Esthet
(2015) - et al.
Stromal cells from the adipose tissue-derived stromal vascular fraction and culture expanded adipose tissue-derived stromal/stem cells: a joint statement of the International Federation for Adipose Therapeutics and Science (IFATS) and the International Society for Cellular Therapy (ISCT)
Cytotherapy
(2013) - et al.
Volumetric evaluation of fat resorption after breast lipofilling
Ann Chir Plast Esthet
(2015) Fettransplantation
Verh Dstch Ges Chir
(1893)Long-term survival of fat transplants: controlled demonstrations
Aesthetic Plast Surg
(1995)- et al.
Multilineage cells from human adipose tissue: implications for cell-based therapies
Tissue Eng
(2001)