Laissez-moi tout d’abord remercier Madame la Présidente et Monsieur le Secrétaire général de l’Académie pour cet honneur auquel je suis particulièrement sensible.

Merci aussi à mon cher ami Marek Safjan. Je mets les éloges dont il m’a comblé sur le compte de la grande et fidèle amitié qui existe entre nous depuis il y a déjà plusieurs décennies. Marek était venu à Montréal, à la Faculté de droit pour un séjour de quelques mois en 1982 alors que j’y étais professeur. C’était une période très difficile pour lui alors qu’il débutait sa carrière professorale. La Pologne, en effet, commençait à espérer pouvoir se sortir de la dictature communiste grâce au mouvement Solidarność. D’ailleurs, Marek n’avait reçu l’autorisation de quitter son pays qu’à condition d’y laisser femme et enfants.

Par la suite, j’ai eu la chance d’aller donner des cours à la Faculté de droit de Varsovie grâce à lui, puis, avec d’autres, d’y créer une antenne nouvelle de bioéthique. J’ai pu alors faire la connaissance de collègues polonais exceptionnels comme Andrej Muzjinowski et être témoin un petit peu de cette période critique de l’histoire de la Pologne. Grâce à Marek, j’ai pu en effet assister à ce moment très fort et très émouvant qu’a été la célébration de la messe par le pape Jean-Paul II (le « polonais ») dans le grand stade de Varsovie.

Après la chute de la dictature communiste, Marek a connu une brillante carrière d’abord à l’Université, puis comme juge et président du Tribunal constitutionnel polonais. Il est maintenant, comme vous le savez tous, juge à la Cour de justice de Luxembourg. Il a réussi à combiner d’une part une remarquable vivacité intellectuelle et d’autre part, un sens aigu de ses responsabilités sociales dans l’exercice de la judicature.

Merci Marek, merci de tes bons mots à mon égard. Merci surtout de la fidèle amitié.