Une démarche de recherche sur la pratique enseignante :
'analyse plurielle
Marguerite Altet
D'abord développée aux États-Unis, la recherche sur la pratique enseignante a donné lieu à de nombreux travaux. Ils se sont longtemps inscrits dans le paradigme « processus-produit » en essayant de repérer les catégories de variables qui influençaient l'apprentissage mais en réduisant l'étude du processus d'enseignement aux seuls comportements observables de l'enseignant. Ces travaux visaient à déterminer l'efficacité de l'enseignement (Walberg, 1991). Dans un deuxième temps, se sont développés les modèles cognitivistes sur « la pensée des enseignants » (Shavelson, 1981, Tochon, 1993) qui ont étudié la nature cognitive de l'enseignement : les préparations, les planifications et les prises de décision de l'enseignant influant sur les pratiques. Cette
orientation renvoyait à une vision de la cognition comme instance exclusive de contrôle de la pratique enseignante. Dans un troisième temps, les modèles « écologiques » ont réhabilité l'importance de la «situation» (Bronfenbrenner, 1986) au sein de laquelle se déroule l'enseignement. Enfin, cette dernière décennie, les modèles inter- actionnistes et intégrateurs se sont développés. Ils articulent plusieurs types de variables concernant à la fois l'enseignant, l'apprenant et la situation. C'est dans ce courant théorique que s'inscrivent nos travaux : nous définissons l'enseignement comme « un processus interactif, interpersonnel, intentionnel, finalisé par l'apprentissage des élèves » (Altet, 1991). Nos travaux visent à décrire « l'articulation des processus d'enseignement et
Revue Française de Pédagogie, n° 138, janvier-février-mars 2002, 85-93
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