Histoire de l'alimentation végétale chez l'Homme.

Par A. MAURIZZIO. Professeur à l'Université de Varsovie.

Jusqu'à nos jours, dans les ouvrages classiques, on se représentait l'évolution de la civilisation de la façon suivante : on admettait que l'homme s'était d'abord nourri du produit de la chasse, puis qu'il était devenu pâtre nomade et que, finalement, il s'était fixé ; alors il commença à planter et devint agriculteur. C'est la théorie trichotome des patriarches, qu'on retrouve tant de fois dans les récits classiques, avec de légères variantes ; la tradition régnait dans ce domaine.

D'autres théories du même genre puisaient leurs forces dans la même source, dans le formalisme classique. Les économistes appelés à s'entretenir de notre passé suivaient la voie même qu'avaient frayée les historiens philologues. Les naturalistes n'étaient pas appelés à donner leur avis. Un exemple presque effrayant du procédé des philologues nous est offert par le livre souvent lu de Victor ïïeiiin, dont le titre même exprime l'opinion de l'auteur : Plantes cultivées et animaux domestiques dans leur passage de l'Asie à l'Europe.

La vieille théorie ne suffisait plus aux exigences de la science moderne. Les résultats des recherches préhistoriques, les voyages, une meilleure connaissance des peuples primitifs, l'ethnographie comparée, une meilleure connaissance de la géographie des plantes,