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DOSSIER

Genèses 25, déc. 1996, pp. 29-49

L'objet de cet article est d'aborder quelques problèmes soulevés par l'élaboration d'une expérience au départ proprement ethnographique autour de la notion de transaction économique, prise à la fois comme unité d'observation et comme concept descriptif. La viabilité de cette ethnographie économique est suspendue aux conditions et aux limites de l'expérience : les transactions sont-elles observables? Une description généralisante de l'activité commerciale est-elle possible?

Sans aller jusqu'à replacer ce travail ponctuel dans le vaste ensemble de travaux récents qui, à la frontière de l'économie et de la sociologie, peuvent amener à réévaluer la description en économie, j'essaierai d'argumenter l'importance stratégique de l'étude des milieux commerçants et d'affaires au sens large, c'est-à-dire des groupes humains spécialisés qui concentrent l'élaboration et l'utilisation des dispositifs assurant les transactions commerciales.

COMMERCE,

MARCHÉS,

TRANSACTIONS:

UNE APPROCHE ETHNOGRAPHIQUE

Hervé Sciardet

Sociologues et indigènes

L'observation concerne le commerce de brocante sur le trottoir du marché aux Puces de Saint-Ouen. Ma position d'observateur repose sur mon appartenance durant six mois à un petit groupe de brocanteurs de trottoir, composé de mon parrain, de son associée et d'une jeune femme que celle-ci a adoptée commercialement et amicalement. Elle a impliqué mes partenaires pour autant qu'ils se sont inscrits, habituellement ou occasionnellement,