Laboratoire de Psychologie expérimentale de la Sorbonne
et
Laboratoire de Psychophysiologie de la Faculté des Sciences de Marseille
CHAMP D'APPRÉHENSION ET EFFICIENCE INTELLECTUELLE
par Paul Fraisse et Jeannine Blanc-Garin
En un instant, sans qu'il y ait possibilité de développer une activité oculaire et a fortiori cognitive, nous percevons un ensemble de stimuli et à cet ensemble correspond ce que nous appelons le champ d'appréhension.
Pour nous en tenir au seul domaine visuel, nous savons que ce champ dépend des conditions psychophysiologiques de la perception : adaptation, éclairement, etc. ; et de la nature du matériel à percevoir : lettres, chiffres, formes, etc. (Woodworth et Schlosberg, 1954).
Il dépend aussi de la nature de la réponse demandée au sujet : dénomination des stimuli, reconnaissance, appréciation de leur nombre. Dans un travail antérieur, dont celui-ci est un prolongement direct (Fraisse, 1959), nous avions montré que la corrélation entre deux mesures classiques du champ d'appréhension : nombre de lettres distinctes reconnues et évaluation du nombre de points, n'était que de r = .28, corrélation hautement significative étant donné le grand nombre de sujets (290), mais cependant très faible.
Tout ceci montre déjà que le champ d'appréhension qui ne semble être, au premier abord, qu'un constat direct, met en jeu, dans la réception et la réponse, des processus assez complexes.
La présente recherche voudrait montrer particulièrement que le champ d'appréhension n'est pas indépendant de l'efficience intellectuelle, telle qu'elle peut être évaluée par les tests de connaissances ou les tests d'aptitudes. Les anciens auteurs,