Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée de la Sorbonne (École pratique des Hautes Études)

ÉTUDES DES CONDUITES TEMPORELLES

II. — Étude génétique de l'attente

par Francine Orsini et Paul Fraisse

Cette étude s'inscrit dans le prolongement d'une recherche antérieure sur l'attente (1). Une même hypothèse les a dirigées l'une et l'autre : les conduites d'attente d'une personne sont d'autant mieux adaptées aux conditions réelles de l'action, que sa stabilité émotionnelle est plus grande.

Dans une première recherche nous avions confirmé cette hypothèse sur la base d'un critère individuel de stabilité émotionnelle. Des enfants, de même âge et de même niveau intellectuel, sont plus ou moins adaptés à des situations d'attente, selon qu'ils présentent une stabilité émotionnelle plus ou moins élevée.

La présente recherche a pour but de prouver la même hypothèse en se référant à un critère de stabilité émotionnelle plus général, basé sur la relation entre l'évolution génétique et la stabilité émotionnelle. Considérant qu'en moyenne, la stabilité émotionnelle croît avec l'âge, nous nous proposons de démontrer que le délai qui détermine l'attente est de mieux en mieux supporté, au fur et à mesure que l'on s'élève dans l'échelle génétique.

Sujets. — Nous avons utilisé trois groupes de 20 filles de 6, 8, et 10 ans1.

I. - Rappel des épreuves

Deux épreuves permettent d'étudier les réactions de l'enfant au délai, alors que la troisième s'applique à mesurer, dans un autre type de comportement, la stabilité émotionnelle. (La description complète de ces épreuves a été donnée dans le précédent article (1).)