Article EMC
Exanthèmes viraux

https://doi.org/10.1016/j.jpp.2016.04.001Get rights and content

Résumé

Les infections virales sont les principales causes des exanthèmes de l’enfant. Parmi les exanthèmes fébriles, les exanthèmes maculopapuleux sont les plus fréquents. Les hypothèses bactériennes, toxiniques ou médicamenteuses (toxidermie) doivent néanmoins être éliminées. Du fait de la pluralité fréquente des facteurs étiologiques, il est souvent difficile de porter avec certitude le diagnostic d’exanthème viral. Il est nécessaire d’évoquer les maladies éruptives et surtout de les confirmer du fait de la gravité potentielle de certaines d’entre elles (intérêt de la vaccination+++). Il convient également de reconnaître la maladie de Kawasaki qui représente une urgence diagnostique et thérapeutique : à évoquer devant tout exanthème fébrile persistant chez un enfant, sans point d’appel infectieux mais associé à un syndrome inflammatoire biologique.

Introduction

L’exanthème est défini comme une éruption cutanée érythémateuse et diffuse d’apparition brutale et transitoire (apparaissant en quelques heures et guérissant en quelques jours), révélatrice d’une affection sous-jacente. Souvent, il comporte des macules érythémateuses qui peuvent être associées à d’autres lésions élémentaires (papules, plaques, vésicules, purpura, voire nécrose). Les exanthèmes fébriles sont une cause fréquente de consultation et/ou d’hospitalisation. Ils s’observent au cours de nombreuses maladies infectieuses principalement d’origine virale mais également bactérienne (éruptions toxiniques, septicémie à méningocoque, infection à mycoplasmes, etc.). Néanmoins, devant tout exanthème fébrile, il faut garder à l’esprit la possibilité d’une étiologie médicamenteuse (toxidermie), d’un syndrome de Kawasaki ou plus rarement de maladie auto-immune ou hématologique.

Dans un certain nombre de cas, l’exanthème adopte une présentation clinique stéréotypée, permettant d’évoquer l’agent étiologique responsable, généralement viral, et de définir le mode d’évolutivité des symptômes. Considérés à tort comme l’apanage des enfants, la plupart de ces exanthèmes infectieux s’observe également, avec une fréquence moindre, chez l’adulte et sont de ce fait parfois sous-diagnostiqués.

Malgré tout, la liste des étiologies infectieuses virales est longue et chaque agent infectieux n’est pas associé à un tableau clinique, en particulier dermatologique, stéréotypé.

La démarche diagnostique doit intégrer l’ensemble des éléments à notre disposition : épidémiologiques, cliniques (signes dermatologiques et non dermatologiques) et biologiques.

Section snippets

Démarche diagnostique devant un exanthème

L’exanthème peut se définir comme une éruption érythémateuse diffuse aiguë généralisée. Cette définition ne préjuge pas de la lésion élémentaire ni de sa cause.

La démarche diagnostique doit donc s’appuyer sur une description soigneuse de l’éruption cutanée et un examen clinique complet. L’épidémiologie est également fondamentale dans cette démarche diagnostique (Tableau 1).

On peut aussi s’aider d’examens biologiques simples : numération–formule sanguine, plaquettes, C reactive protein (CRP),

Varicelle

La varicelle est la primo-infection avec le VZV. L’incidence de la maladie est plus élevée au printemps. Neuf enfants sur dix auront eu la varicelle à l’âge de 10 ans. La varicelle est très contagieuse, sa transmission interhumaine se fait surtout par voie aérienne. La contagiosité s’étend de un à deux jours avant le début de l’éruption et jusqu’à la disparition des vésicules.

L’incubation est de 14 jours en moyenne. Les prodromes (fièvre, céphalées) sont généralement peu importants. Un exanthème

Éruptions dites « paravirales »

Ce concept, décrit en 2005 par J.H. Saurat et D. Lipsker [44], s’applique à des dermatoses pour lesquelles l’étiologie n’est pas univoque :

  • exanthèmes viraux avec agents responsables multiples (syndrome de Gianotti-Crosti, syndrome « gants et chaussettes »), par opposition à certaines maladies virales pour lesquelles il n’existe qu’un seul agent responsable (la varicelle par exemple) ;

  • exanthèmes pour lesquels une étiologie virale est hautement probable mais n’a jamais été démontrée (APEC

Conclusion

Cet article aborde les principaux exanthèmes d’origine virale observés principalement chez l’enfant, mais également, avec une fréquence moindre, chez l’adulte.

Dans un certain nombre de cas, l’exanthème adopte une présentation clinique relativement stéréotypée permettant d’évoquer l’agent étiologique responsable et de définir l’évolutivité des symptômes (la varicelle par exemple).

Cependant, l’exanthème est parfois peu spécifique (exanthèmes maculopapuleux à entérovirus par exemple) et/ou

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

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    Grâce au partenariat mis en place en 2010 entre le Journal de pédiatrie et de puériculture et l’EMC, les articles de cette rubrique sont issus des traités EMC. Celui-ci porte la mention suivante : C. Fleuret. Exanthèmes viraux. EMC – Pédiatrie – Dermatologie 2015 [Article 4-108-A-20]. Nous remercions l’auteur qui a accepté que son texte, publié initialement dans les traités EMC, puisse être repris ici.

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