Vaccins, adjuvants et réponse immunitaire post-vaccinale : bases immunologiquesVaccines, adjuvants and post-vaccinal immune response: immunological basis

https://doi.org/10.1016/S1773-035X(19)30257-6Get rights and content

Résumé

La vaccination a pour but d’induire une réponse immunitaire mémoire capable de protéger l’hôte contre la survenue d’une maladie liée à un agent infectieux. Au-delà de cette protection individuelle, les vaccins confèrent une protection collective en limitant le risque de transmission aux sujets qui ne peuvent être vaccinés ou ne répondent pas aux vaccins.

La protection vaccinale repose sur les anticorps, qui neutralisent les toxines ou agents pathogènes ou favorisent la phagocytose, mais également sur les cellules T helper nécessaires à la génération de lymphocytes B mémoires et de lymphocytes T cytotoxiques qui peuvent détruire les cellules infectées.

Les principaux types de vaccins sont les vaccins vivants atténués, les vaccins inactivés à germes entiers et les vaccins inertes peptidiques. Les vaccins vivants atténués sont intrinsèquement immunogènes mais, du fait de leur potentiel réplicatif, sont contre-indiqués en cas d’immunosuppression. Les vaccins inactivés à germes entiers ne présentent plus ce risque mais nécessitent des rappels vaccinaux en raison d’une moindre immunogénicité. Les vaccins inertes peptidiques ne présentent plus de signaux de danger mais seulement les épitopes antigéniques et requièrent donc l’ajout d’adjuvants.

Les effets secondaires avérés des vaccins correspondent à la réaction inflammatoire induite initialement et qui participe à la génération d’une réponse immunitaire mémoire cellulaire efficiente. La détermination d’un lien de causalité entre un effet indésirable et un vaccin repose sur la consistance, la force de l’association, la spécificité de l’évènement indésirable, de la relation temporelle et de la vraisemblance biologique entre l’injection vaccinale et l’évènement indésirable. Les effets secondaires sévères des vaccins restent exceptionnels.

Abstract

The aim of vaccination is to induce a memory immune response capable of protecting the host against the occurrence of a disease linked to an infectious agent. Beyond this individual protection, vaccines confer collective protection by limiting the risk of transmission to subjects who can not be vaccinated or do not respond to vaccines. Immunization protection relies on antibodies that neutralize toxins or pathogens or promote phagocytosis, but also on the helper T cells required for the generation of memory B lymphocytes and cytotoxic T lymphocytes that can destroy infected cells.

The main types of vaccine are live attenuated, inactivated whole-cell vaccines and inert peptide vaccines. Live attenuated vaccines are inherently immunogenic but because of their replicative potential are contraindicated in case of immunosuppression. Inactivated whole-cell vaccines no longer present this risk but require vaccine boosters due to reduced immunogenicity. Inert peptide vaccines no longer present danger signals but only antigenic epitopes and therefore require the addition of adjuvants.

The proven side effects of the vaccines correspond to the initially induced inflammatory response, which participates in the generation of an efficient cellular memory immune response. The determination of a causal relationship between an adverse event and a vaccine is based on the consistency, the strength of the association, the specificity of the adverse event, the temporal relationship, and the biological likelihood between vaccine injection and the unwanted event. The severe side effects of vaccines remain exceptional.

Introduction

L’objectif d’un vaccin est d’éviter la survenue d’une pathologie induite par un pathogène (virus, bactérie, parasite) chez l’individu vacciné. Mais cette protection individuelle s’accompagne, pour une majorité de vaccins, d’une protection collective secondaire, grâce à la diminution de la circulation de l’agent infectieux en cause, limitant alors le risque de contamination et pouvant dans certaines circonstances, permettre l’éradication du pathogène. Cette éradication est en effet possible si et seulement si, d’une part le réservoir de l’agent infectieux est exclusivement humain, et d’autre part si la couverture vaccinale est suffisante. Il est ainsi illusoire de penser que la vaccination antitétanique pourrait permettre d’éradiquer le tétanos, la bactérie pathogène étant d’origine environnementale, en l’occurrence tellurique. En revanche, la vaccination systématique dans les pays développés a permis la disparition des cas de tétanos du nourrisson, pathologie gravissime et généralement létale qui sévit encore dans les pays en voie de développement.

Afin d’améliorer la couverture vaccinale, le vaccin se doit :

De nombreux facteurs liés à l’hôte peuvent moduler la réponse immunitaire induite par la vaccination, comme l’âge et les facteurs génétiques

  • 1. d’être suffisamment immunogène,

  • 2. facile à fabriquer, peu cher et pouvant être produit à grande échelle afin qu’il soit disponible dans tous les pays du globe,

  • 3. dénué ou presque d’effets secondaires.

Dans cet article, ces trois aspects des vaccins sont développés.

Section snippets

Réponse immunitaire post-vaccinale

L’objectif d’une vaccination est d’induire une protection contre une pathologie infectieuse. La vaccination est un processus stimulant les réponses immunitaires protectrices contre les microbes en exposant les individus vaccinés à des formes non pathogènes ou des composants du micro-organisme. La substance active du vaccin est donc immunogène et va initier une réponse immunitaire protectrice impliquant des acteurs de la réponse immunitaire innée et adaptative. On distingue d’une vaccination

Définition, mécanisme d’action

Les adjuvants sont des substances inertes, non immunogènes mais immunostimulantes qui, administrées en même temps et au même site qu’un antigène, vont accroître la réponse immunitaire vis-à-vis de ce dernier, augmenter son immunogénicité, et éviter la tolérance. Ils permettent ainsi d’amplifier la réponse immunitaire spécifique des vaccins inactivés et surtout des vaccins sous-unitaires qui, seuls, sont incapables d’induire une réponse immunitaire protectrice [1].

Les adjuvants sont le plus

Effets secondaires des vaccins

Les vaccins sont des médicaments, et à ce titre ils peuvent être pourvoyeurs d’effets indésirables (EI) plus ou moins sévères. Il est donc nécessaire, comme pour tout autre médicament, d’en évaluer le rapport bénéfice/risque (B/R), ce d’autant plus que les vaccins sont administrés dans la grande majorité des cas à des sujets sains, exempts de toute pathologie préexistante. Cependant, dans le cas des vaccins, cette évaluation doit être appréhendée dans le contexte des stratégies vaccinales, ce

Conclusion

Ainsi, les effets secondaires rigoureusement et scientifiquement documentés restent exceptionnels. Le rapport bénéfice-risque est bien en faveur des vaccins, et ceux-ci ont montré leur efficacité pour réduire voire éradiquer la transmission de pathogènes associés à une morbi-mortalité majeure. L’émergence de nouveaux pathogènes, et la compréhension des mécanismes de résistance de certains agents infectieux, comme le VIH, rendent nécessaire le développement de nouveaux vaccins et de nouveaux

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